Le dossier thématique

Les bonnes pratiques du sport à huis clos

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les clubs et organisateur d’événements sportifs sont engagés dans un long processus d’adaptation aux nouvelles conditions sanitaires qui les bousculent dans l’animation de leurs communautés et la production de spectacle sportif.

Pour ces structures, l’enjeu le plus important est de garantir la qualité de leur offre de fan experienceexpérience client du marketing sportif – afin de maintenir le taux d’engagement des fans. En effet, en plus d’inciter les fans, les supporters et les spectateurs à assister à des évènements sportifs, les organisateurs les invitent à utiliser les services qui leur sont proposés en trois temps : avant, pendant, et après les évènements sportifs. Entre applications mobiles, animations sur les réseaux sociaux, jeux concours, pronostics, esport, chatbots, musées à thème… ces services sont extrêmement divers. Pour autant, ils participent tous très largement à la fidélisation des spectateurs, en suscitant à la fois des émotions, mais aussi un sentiment d’attachement à « leurs » équipes et joueurs. Dans un entretien accordé à FanStriker, Guillaume Fallou, CEO de bFan, la plateforme derrière les applications de l’AS Monaco, du Paris FC, du LOU Rugby et bien d’autres, a souligné l’importance d’impliquer les fans dans la vie du club, afin qu’ils se sentent utiles et écoutés, mais aussi dans l’optique de pouvoir monétiser leur temps d’engagement pour le club.

Tout au long de cette période particulière, les acteurs du sport se sont démenés, et de nombreuses solutions aussi innovantes qu’étonnantes ont été développées dans le monde entier. Si certaines structures avaient déjà entrepris leur transition digitale, ces conditions exceptionnelles ont largement accéléré le processus et ont poussé l’écosystème du sport à se réinventer. Afin de garantir l’accès au spectacle sportif malgré le huis clos, mais aussi dans la perspective de maintenir le lien avec les communautés de spectateurs et fans, les outils digitaux se sont avérés être incontournables.

D’après une étude sur l’utilisation des technologies émergentes dans le sport au sein de 9 pays différents publiée en février dernier par Capgemini, spécialiste du conseil et des services technologiques, 62% des fans français interrogés affirment que les outils digitaux ont amélioré leur expérience, à l’intérieur comme à l’extérieur du stade. C’est 69% des personnes interrogées à l’échelle des 9 pays ciblés dans l’étude. Des chiffres d’autant plus impressionnants lorsque l’on considère que la tendance observée était valable avant le début de la crise sanitaire, et que de fait, elle doit être encore plus forte aujourd’hui.

Le rôle des nouvelles technologies se révèle être primordial dans le maintien d’une fan experience de qualité malgré la fermeture de l’accès aux enceintes sportives et le développement du sport à huis clos. Pour autant, la digitalisation de cette fan experience semble faire face à deux enjeux. D’une part, les organisateurs d’événements et les clubs ont recours au digital pour améliorer l’accès des fans et spectateurs au spectacle sportif, notamment en les faisant virtuellement entrer dans les enceintes sportives. D’autre part, ils cherchent à conserver un lien avec leur communauté en les animant à travers les réseaux sociaux et à l’aide de jeux et défis virtuels, de tournois esport, ou encore, en leur proposant des regroupements en communauté afin qu’ils partagent leur passion.

Au cours des derniers mois, nous avons relayé les solutions les plus innovantes adoptées par les clubs, enceintes sportives, et les fédérations. Dans cet article, nous en mentionnerons quelques-unes qui ont retenu notre attention.

Digitaliser l’entrée des fans dans les enceintes sportives

D’après l’étude Capgemini mentionnée ci-avant, les technologies les plus utilisées par les clubs et les stades pour animer les fans présents dans les stades sont liées aux smartphones des spectateurs. L’envoi régulier de notifications à propos du score, des statistiques, des décisions arbitrales ou des fun facts, occupe la première place du classement. Pour autant, l’accès aux stades étant limité par des jauges, voire impossible, toutes les animations dédiées aux fans présents physiquement dans les enceintes sportives s’avèrent inutiles. C’est la raison pour laquelle l’utilisation de ces applications a été réorientée et adaptée pour une utilisation hors-stade – à la fois pour donner un accès virtuel au cœur de l’action dans les stades, mais aussi pour permettre aux communautés de fans de se retrouver autour de live sites respectant les conditions de sécurité sanitaire.

Le supporting via vidéoconférence

La création de supporters virtuels ou de tribunes composées de supporters connectés en vidéoconférence s’est largement développée afin de pallier au vide observé dans les tribunes. Et cette solution n’a pas été employée uniquement pour le plaisir des supporters, puisqu’elle répondait aussi à la demande de nombreux joueurs et de nombreuses équipes à qui l’encouragement des fans manquait. Par exemple, Microsoft et Michelob se sont associés pour permettre à 320 fans de la NBA d’apparaitre sur des écrans géants installés sur les bords du terrain de basketball du complexe sportif d’Orlando (Etats-Unis), assis les uns à côté des autres grâce à un « Together Mode ». Les supporters pouvaient alors encourager leur équipe en direct autour du terrain, et les résultats avaient été plutôt positifs ! Ce genre d’initiative a donc été reprise par de nombreux autres acteurs du sport pour permettre aux fans de vivre une expérience immersive, tout en respectant les conditions sanitaires.

Pour autant, tous les fans ne se sont pas tournés vers le digital pour consommer du sport malgré le huis clos. A l’instar de ces supporters, qui ont fait preuve de beaucoup d’inventivité pour assister aux épreuves de speedway de la PGE Extraliga en juillet dernier, à Lublin, en Pologne…

La VR et les caméras pour des expériences plus immersives

Les acteurs du sport se sont engagés bien avant la crise sanitaire dans le développement de solutions innovantes permettant aux fans d’accéder à des expériences digitales immersives, comme l’illustre ce graphique tiré de l’étude réalisée par Capgemini. En effet, les casques de Réalité Virtuelle (VR) sont largement répandus pour accéder à des expériences sportives immersives et capter des publics de fans trop éloignés des stades. La société Voke VR semble progressivement s’imposer comme acteur majeur du marché. Aussi, la possibilité de visualiser les événements sportifs en accédant via VR aux différents points de vue fournis par les nombreuses caméras présentes sur place se développe progressivement, offrant aux spectateurs une immersion à 360° sur les terrains, à l’instar de la solution adoptée par Manchester City avec son partenaire Jaunt Inc et présentée en vidéo ci-dessous. Autre tendance observée : de plus en plus de clubs équipent leurs joueurs de caméras GoPro, permettant aux fans d’accéder à la vision que les joueurs ont eux-mêmes sur le terrain.

Améliorer la fan experience des téléspectateurs

En partenariat avec les diffuseurs, la sportech montpelliéraine VOGO, spécialiste des solutions smart stadium, est un exemple de startup engagée pour améliorer la qualité de la fan experience offerte par ses clients, et qui a dû adapter ses services aux situations sanitaires actuelles. En effet, la sportech fournit aux spectateurs un accès libre aux lives, replays, audios, feuilles de match, coulisses des matches, interviews, contenu des marques partenaires et statistiques à travers son application mobile VOGO Sport. Ainsi, les spectateurs peuvent vivre les évènements sportifs comme s’ils y étaient, et disposent des clefs nécessaires pour réaliser leur propre analyse du match. Par ailleurs, ces services offrent aux clubs et enceintes sportives partenaires de VOGO l’opportunité de collecter des datas, dont la précieuse analyse enrichit la connaissance de leurs clients. Pour autant, à travers son application, VOGO propose d’autres services pour animer les fans présents physiquement dans les enceintes sportives, en permettant notamment de commander boissons et nourriture qui sont préparées voire livrées au numéro de siège indiqué, ou bien de visualiser les goodies en vente dans le stade. La sportech a récemment signé un partenariat avec Rugby Europe pour prendre en charge sa technologie de live et replay dédiée aux compétitions sportives. Une bonne nouvelle pour la startup qui, en 2017, avait déjà permis au Stade Toulousain de devenir la première enceinte rugbystique en Europe 100% digitalisée et connectée.

Développer un lien virtuel avec les communautés de fans

L’animation de la fan experience se déroule en trois temps : avant, pendant, et après le match. Si les solutions évoquées précédemment visent plutôt à animer le « pendant », l’animation des communautés de fans repose principalement sur l’« avant » et l’« après » match, et se traduit par des animations divulguées à travers les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux, canaux privilégiés par les clubs

Si les réseaux sociaux ont toujours été le moyen de communication privilégié par les clubs pour créer du lien avec leurs communautés de fans, ils ont atteint des pics de fréquentation lors de cette année 2020. Et le nombre de clubs ayant créé un compte sur le réseau social TikTok en témoigne. C’est aussi à travers les réseaux que la majorité des clubs partagent leurs nouveautés et organisent leurs événements digitaux, à savoir, des challenges, des jeux, des sondages, des tirages au sort… Le jeu-concours lancé par la Fédération Française de Rugby à l’occasion des 10 matches joués entre le 24 octobre et le 28 novembre 2020 permettait par exemple de sélectionner 200 fans actifs parmi ceux ayant témoigné leur intérêt pour le tirage au sort. Les 200 fans sélectionnés ont remporté une « place » pour apparaitre dans les tribunes virtuelles disposées sur les panneautiques LED disposés au bord du terrain du Stade de France. Ils ont pu encourager en direct leur équipe. Dans le même temps, la fédération a créé le Digital Fan Pack, permettant aux fans d’échanger en direct sur un live feed et un chat en direct pendant le match, mais leur offrant aussi accès à des quizzs et pronostics interactifs pour remporter des cadeaux offerts par la fédération.

Outre les réseaux sociaux, une vague de création de plateformes digitales dédiées au contenu produit par les fédérations sportives, les clubs, les équipes et les sportifs a été observée au cours des derniers mois. La Fédération Française de Tennis a par exemple lancé la FFT TV en avril 2020, une plateforme entièrement gratuite, sur laquelle les fans peuvent retrouver des émissions, des reportages, des vidéos inside, des interviews, des podcasts, et plus généralement, des informations qui portent sur l’écosystème sportif du tennis. Dans le même registre, la Fédération Française de Football a lancé la plateforme OTT FFFTV en octobre dernier.

Esport, l’événementiel sportif qui résiste aux restrictions sanitaires

La période au cours de laquelle les restrictions sanitaires empêchaient totalement la poursuite des compétitions a poussé de nombreux acteurs du sport à reconsidérer la valeur du esport. En effet, ils sont nombreux à avoir solliciter les jeux vidéos pour animer leurs communautés de fans à travers des tournois en ligne rediffusés en direct sur des plateformes de streaming tels que Twitch ou Facebook Live. L’Equipe avait par exemple co-organisé avec l’association GamersduCoeurs un tournoi caritatif sur le jeu vidéo FIFA en mai dernier, tandis que l’application de ecyclisme Zwift rassemblait 60 000 personnes en ligne à l’occasion de l’ascension de l’Alpes d’Huez par le cycliste David Gaudu avec le streamer Pierre-Alexis Bizot à la même période. Et si de nombreux acteurs du sport n’ont pas attendu la crise sanitaire pour développer la pratique du esport, la tendance n’en a été que confirmée. D’ailleurs, la Fédération française de football dispose d’un plan de développement du efoot depuis 2017, et Roland-Garros a déjà tenu trois éditions du tournoi Roland-Garros eSeries by BNP Paribas.

Finalement, les acteurs du sport ont su se réinventer face à la crise sanitaire pour proposer à leurs communautés de fans des alternatives à l’arrêt complet des évènements sportifs, ou à leur tenue à huis clos. Les nouvelles technologies se sont avérées très efficaces pour permettre aux spectateurs d’accéder virtuellement à l’intérieur des enceintes sportives, et les solutions de VR ou de prises de contrôle des caméras disponibles sur place offrent des expériences immersives intéressantes. Si une bonne partie de ces innovations existaient d’ores et déjà sur le marché avant le début de la crise sanitaire, il est indéniable que le contexte particulier de l’année 2020 n’a fait que mettre en lumière l’efficacité et la pertinence de la majorité de ces solutions digitales. En revanche, c’est la manière d’envisager l’animation les communautés à travers les réseaux sociaux qui a largement évolué au cours de cette année 2020. Entre défis, challenges, ou tournois de esport, la présence des acteurs du sport sur les réseaux sociaux s’est avérée largement plus intense qu’avant la période de crise sanitaire.

Quoiqu’il en soit, ce dernier graphique tiré de l’étude de Capgemini révèle que les nouvelles technologiques adoptées par les clubs et enceintes sportives connectées participent largement à l’élargissement des communautés de fans ainsi qu’à l’intensité que ces derniers consacrent à leurs activités de fans.

L’avis de la Sportech

L’apport de la 5G pour les stades et les événements sportifs
Entretien avec Christophe Carniel, Président de VOGO

Les infos du mois

A l’international

  • Après son inscription sur TikTok, le club de Manchester United a cumulé plus d’un demi-million d’abonnés en quinze jours et plus de 2 millions de likes. De son côté, le club londonien de Chelsea a signé un partenariat avec le réseau social chinois Weibo, une première pour une équipe anglaise. Avec ce partenariat, Chelsea produira notamment des contenus expulsifs en direction de ce réseau social et de la Chine.
  • Afin de renforcer l’expérience des fans, la Liga a signé un partenariat avec LG Electronics qui devient « partenaire technologique officiel » du championnat espagnol. Ce partenariat permettra notamment à la Liga de produire de nouveaux contenus audiovisuels en mobilisant l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle. Dans le même temps, le championnat espagnol a lancé une application mobile permettant aux fans de suivre les statistiques individuelles des joueurs de chaque équipe.
  • Les Indoor World Series virtuels organisés par la fédération internationale de tir à l’arc rencontrent un vif succès. Plus de 2800 archers venant de 79 pays différents se sont en effet inscrits pour la première manche de cette compétition virtuelle alors que 3 nouvelles étapes suivront.
  • À l’occasion du classique allemand Borussia Dortmund – Bayern Munich, la Bundesliga et ESPN+ ont mis en place un dispositif digital spécialement dédiés aux fans américains des deux clubs. Les supporters ont ainsi pu assister gratuitement au match sur Zoom avec des interviews exclusives réalisées pour l’occasion et différentes interventions en commentaires de légendes des deux équipes.
  • Côté pratique et entraînement sportif, la société américaine Peloton a signé un partenariat avec Beyoncé afin d’enrichir l’expérience de ses plus de 3,6 millions d’usagers. « Le pouvoir de la musique peut aider à motiver et inspirer celles et ceux qui font leur entraînement » l’a affirmé Beyoncé, elle-même utilisatrice de la plateforme. Peloton propose déjà des séances de fitness, vélo indoor, fitness et d’autres activités physiques à travers de vidéos interactives. Cette association permettra de créer des entraînements thématiques synchronisés sur les musiques de la chanteuse.

Les Brèves

  • Dans le cadre de son partenariat avec EDF, la FFF a incité les supporters de l’Equipe de France à encourager les joueurs qui affrontaient l’équipe du Portugal le 14 novembre en utilisant le hashtag #UnirNosEnergies sur les réseaux sociaux. Pour chaque encouragement accompagné du hashtag, EDF a effectué un don pour l’AFM Téléthon. A l’issue du match, plus de 100 000 euros avaient été récoltés, et EDF a décidé de doubler la somme pour offrir un don de 200 000 euros à l’association.
  • La FF de football américain s’est associée à Rematch afin de permettre aux clubs et à leurs fans d’enregistrer et de diffuser des highlights de matchs.
  • Le Tango Bourges Basket a organisé des visioconférences réunissant ses fans et ses joueuses après les matchs dans une volonté de conserver les liens avec les supporters.
  • Dans le cadre de son programme Ligue 1 Touch visant à promouvoir le championnat de France à l’international, la LFP a mis en place différents dispositifs lors de la rencontre OGC Nice – Paris SG disputée le 20 septembre dernier. L’un de ces dispositifs consistait en une solution d’affichage LED virtuel permettant d’adapter les messages publicitaires entourant le terrain en fonction du pays où le match était visionné.
  • La LNB a lancé la LNB TV, sa plateforme digitale OTT (service de streaming de la ligue) qui va permettre à tous ses spectateurs d’accéder gratuitement à l’intégralité des compétitions.
  • Le PSG a annoncé le lancement de sa nouvelle application mobile pour permettre à ses supporters de suivre toutes les actualités du club, de suivre les événements en live et d’accéder  à leur propre « espace fan ».
  • À l’occasion du Match du XV de France contre l’Irlande le 31 octobre dernier, la FF de rugby s’est associée à la Ligue contre le Cancer et Orange pour permettre à des enfants malades de piloter une solution digitale de téléprésence. Grâce à ce dispositif, ces enfants ont pu vivre la rencontre comme s’ils étaient au Stade de France puis échanger avec certains joueurs du XV tricolore.
  • Le FC Grenoble Rugby a proposé à ses fans via les réseaux sociaux d’envoyer une de leur photo afin que celle-ci soit installé dans les gradins du stade lors des prochains matchs qui se disputeront à huis-clos.

Un peu de lecture

The many faces of sports fans across Europe, YouGov Sport

YouGov Sport a réalisé une étude sur les habitudes des fans de différents pays. Cette étude s’intéresse notamment à la manière de consommer le sport et à l’utilisation par les fans européens des réseaux sociaux.

L’article ici

Esport : Retour vers le futur pour le sport traditionnel ? Blog Le Figaro

Face aux nombreuses limitations présentes actuellement dans l’exercice d’une pratique sportive, le esport semble constituer un « palliatif » à l’activité physique. Jusqu’à renforcer durablement la digitalisation du sport ?

L’article ici

Marketing, technologie et sport : quand la #MarTech entre dans la danse, Blog Le Figaro

Si les nouvelles technologies ont offert un grand nombre d’opportunités au domaine du marketing, le secteur sportif bénéficie de cette intégration de la technologie dans le marketing. La « MarTech » est notamment essentielle aux organisations sportives pour identifier et échanger avec leurs communautés de supporters.

L’article ici

Construire une fan expérience de A à Z pour le Valence Romans Drôme Rugby avec Lucas MEYSONNAT, FanStriker

Lucas Meysonnat revient sur le projet ambitieux du Valence Romans Drôme Rugby qui cherche à développer et optimiser la stratégie de son offre de fan experience.

L’article ici

L’étude du mois

En partenariat avec Mediamétrie, France Esports a publié la nouvelle édition de son baromètre dans lequel est dressé un état des lieux de la pratique et de la consommation de l’esport en France. En 2020, plus de 7,8 millions de Français âgés de plus de 15 ans sont concernés pas l’esport, qu’ils pratiquent ou regardent uniquement. Cliquez ICI pour accéder aux résultats du baromètre.

Le tweet du mois

Du côté du esport

  • Le fabricant automobile japonais Honda a annoncé son parrainage de la chaîne Twitch « Honda Head2Head » pour y présenter la nouvelle Honda Civic. En l’absence d’événements automobiles, Honda fera la promotion de l’événement en organisant une performance du rappeur Cordae ainsi qu’une animation sur le jeu Fortnite. Ce n’est pas la première fois que la société s’implique dans l’esport, puisqu’elle est le sponsor de la Team Liquid et des championnats Series de League of Legends.
  • La Ligue Nationale de Handball s’est associée à la Team MCES pour lancer la première e-Handball Cup qui réunira un joueur de chacun des 30 clubs de la LNH.
  • USA Basketball a organisé des sélections afin de composer son équipe nationale esportive. La fédération de basketball américaine a convié 30 esportifs parmi lesquels 7 seront sélectionnés par des représentants des franchises NBA pour composer l’équipe nationale sur le jeu NBA2k.
  • Boulanger a organisé conjointement avec la Team MCES les Diversity e-Trophy au profit de l’association Handigamers. Cette compétition esportive disputée sur le jeu FIFA a permis de récolter plus de 11 000€ qui permettront de financer du matériel spécialisé et adpaté à destination des esportifs en situation de handicap.
  • Quatre jours après le départ du Vendée Globe, plus de 700 000 bateaux avaient rejoint la course virtuelle organisée par Virtual Regatta, soit 200 000 de plus que lors de la dernière édition de la course nautique.
  • Alors que différents faits de triche ont récemment été relatés lors de compétitions esportives, l’incubateur Level 256 a rédigé un dossier sur les phénomènes de triche dans l’esport. Un recensement des différents moyens de triche employés a notamment été réalisé dans ce cadre.
  • Organisé par EA Sport, le FIFA21 Challenge réunissant esportifs et footballeurs professionnels a battu son record d’audience avec en moyenne plus de 250 000 spectateurs. Le joueur de Liverpool Trent Alexander-Arnold a remporté ce tournoi caritatif aux côtés du esportif Donovan Hunt et pourront ainsi distribuer 20 000 dollars à l’association de leur choix.

Le Thème Hors sport

La connectivité de l’alimentation

Nourrir 10 milliards d’habitants en 2050 ? C’est l’objectif notoire auquel le secteur agro-alimentaire doit répondre. Cet objectif s’avère d’autant plus complexe dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique et alors que l’ensemble de la chaîne alimentaire représente près d’un tiers des émissions de CO2 mondiales à elle seule. Dès lors, l’agroalimentaire se doit de penser sa transition dans laquelle l’innovation et les nouvelles technologies pourraient avoir un rôle essentiel. Des scientifiques américains ont à ce titre récemment développé une viande de synthèse présentant la même texture qu’un steak ordinaire à partir de cellules musculaires animales.

Face à l’émergence de nouvelles habitudes et manières de consommer, le secteur alimentaire a d’ores et déjà débuté sa transition, basée notamment sur le numérique. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’origine des produits qu’ils consomment et à leur impact environnemental. Le modèle des hypermarchés, concentrant aussi bien produits alimentaires que textile ou loisirs, s’en trouve fragilisé alors que les achats de proximité sont eux plébiscités de manière croissante. Le digital et les nouvelles technologies sont en ce sens largement employés afin de renseigner la traçabilité d’un produit et permettent de garantir sa provenance. La blockchain est par exemple mobilisée par diverses enseignes dans une volonté de clarté et de partage de l’information.

Par ailleurs, le digital et la connectivité ont largement pénétré le secteur de l’alimentation ces dernières années dans la manière même de consommer des produits alimentaires. La tendance est à la personnalisation et à l’adaptation aux besoins des consommateurs. Ces derniers peuvent ainsi commander leurs courses à distance ou se faire livrer devant le pas de leur porte. Le digital participe à créer le lien entre le restaurant ou les grandes surfaces et le consommateur.

Le rôle des nouvelles technologies peut être profond dans l’alimentation de demain et semble revêtir un double aspect. D’une part, les aliments et la manière de les produire pourrait être particulièrement affectés par cette transition digitale et technologique. De l’autre, une connectivité renouvelée permettra d’adapter la distribution aux nouvelles attentes des consommateurs et aux modes de consommation qui en résultent.

Le digital, un outil au service du renouvellement de l’agro-alimentaire

L’utilisation de la data et de l’IA pour optimiser l’utilisation des terres cultivables

Alors que la nécessité de nourrir une population croissante va rapidement s’accentuer, l’utilisation des terres cultivables se doit d’être optimisée. L’équation s’avère d’autant plus complexe que la quantité d’espaces cultivables à disposition s’amenuise et que les effets délétères de nombreux engrais chimiques sont aujourd’hui largement reconnus. Le recours aux nouvelles technologies et le renforcement de la connectivité de certaines cultures peuvent permettre de répondre à cette situation. À travers l’installation de différents capteurs au sein des cultures, la data possède ici un rôle clé et doit aiguiller et accompagner l’agriculteur dans sa prise de décision. Que ce soit en termes d’irrigation, de fertilisation, de gestion des machines ou encore de bonne santé du bétail, l’émission de données participe à la création d’indicateurs devant favoriser l’optimisation de la production. Le suivi s’en trouve facilité pour l’agriculteur qui possède différents outils à sa disposition. La startup Arable, qui a récemment levé plus de 20 millions de dollars de fonds, développe par exemple des outils devant renforcer la numérisation de l’agriculture. Cette startup s’intéresse notamment à l’irrigation des cultures en synthétisant des données sur le sol, le climat ou les plantes. Afin de mesurer la pluviométrie présente dans certaines parcelles, Arable enregistre le son de la pluie, lui permettant d’évaluer précisément les niveaux de précipitations enregistrés. Par ailleurs, la startup conçoit un logiciel d’intelligence artificielle compilant l’ensemble des données collectées et devant participer à la prise de décision. L’IA permet ici d’anticiper des chocs hydriques ou climatiques et de protéger les cultures en fonction de ces potentiels chocs. Les pertes potentielles engendrées par une perturbation climatique ou une bactérie présente dans une culture peuvent donc être limitées, optimisant dans le même temps les récoltes espérées. Toutefois, et comme c’est le cas dans d’autres secteurs, l’enjeu entourant la data dans l’agriculture de demain n’est pas tant sa collecte mais davantage son traitement. La profusion d’informations se doit d’être exploitable et opérationnelle. Le couplage de la data avec l’IA favorise en ce sens son efficacité.

L’impression 3D pour personnaliser l’alimentation

Par ailleurs, le futur du secteur agro-alimentaire pourrait ne pas se limiter aux seuls champs et cultures. Au même titre que le secteur de la construction, l’agro-alimentaire se saisit des possibilités offertes par l’impression 3D. Si l’idée d’une nourriture imprimée et intégrée à la technologie peut rebuter certains consommateurs et restaurateurs, les bénéfices potentiels sont multiples. L’impression alimentaire favorise une certaine diversification des manières de se nourrir et de consommer. Une nourriture imprimée peut par exemple faciliter la mastication pour les personnes qui en auraient le besoin, notamment dans les maisons de retraites. Dans le même temps, l’aspect ludique octroyé par l’impression 3D peut participer à sensibiliser les plus jeunes à une diversité de produits alimentaires et donc de goûts vers lesquels ils ne seraient pas attirés initialement. Une alimentation plus équilibrée et variée doit ainsi en résulter. La possible connectivité de ces imprimantes alimentaires favorise la personnalisation et l’individualisation de l’alimentation. Grace à des capteurs présents dans certaines de ces imprimantes, la teneur en calories, sel ou protéines d’un plat peut être déterminée. La précision de ces informations peut être tout aussi importante pour une personne présentant des carences ou des intolérances que pour un sportif devant suivre un régime alimentaire strict. Si l’utilisation de l’impression 3D n’en est encore qu’à un stade expérimental et limité dans ce domaine, les possibilités qu’elle offre au secteur alimentaire pourrait inciter à un développement rapide. La connectivité du secteur s’en trouverait par la même renforcée.

L’adaptation de la distribution grâce à une connectivité renforcée

Si les consommateurs s’inquiètent de la provenance des produits qu’ils mettent dans leur assiette et cherchent à faire des choix de consommation plus « éthiques », leur confiance envers les grandes industries de l’agro-alimentaire s’amenuise, traduisant un besoin grandissant de traçabilité des produits transparente. En parallèle, certaines agro-industries s’engagent pour répondre à ce besoin de transparence et ont recourt au digital pour améliorer leurs systèmes de distribution tout en réduisant le gaspillage alimentaire dont elles sont à l’origine.

Garantir la traçabilité des produits grâce à la blockchain

D’après le baromètre 2020 de l’Agence Bio française, les Français sont de plus en plus nombreux à consommer des produits bio, pour autant, 66 % d’entre eux doutent de la fiabilité de ces mêmes produits. Et à raison, puisque les scandales sur l’agriculture biologique se sont multipliés en 2019, à commencer par l’enquête du magazine 60 millions de consommateurs (juin 2019) révélant la présence de polluants dans des œufs, huiles d’olive et laits pourtant labellisés bio.

Face à ces scandales, le potentiel technologique de la blockchain alimentaire comme moyen de traçabilité des produits peut apparaitre comme une véritable solution digitale. Cette technologie constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs (producteurs, transformateurs et distributeurs) depuis sa création, et offre un égal accès à cet historique à tous les acteurs du circuit alimentaire : du producteur jusqu’au consommateur. A condition de ne pas être agrémenté d’un organe de contrôle possédé par l’une des parties prenantes du circuit alimentaire, ces données se veulent être sécurisées et infalsifiables – une technologie qui offre donc aux consommateurs la possibilité de choisir leurs produits en ayant connaissance de toutes les informations relatives au produit (provenance, lieu d’élevage ou mode de production).

Crée en 2016, la startup française Connecting Food, première au classement FoodTech 500 dans la catégorie « sécurité et traçabilité des aliments » (janvier 2020), offre aux consommateurs une plateforme digitale sur laquelle ils peuvent directement consulter la chaine alimentaire des produits référencés en les scannant avec l’appareil photo de leur téléphone. En parallèle, le module d’audit entièrement digitalisé LiveAudit® permet aux industriels de vérifier en temps réel que leurs produits respectent les cahiers des charges. Bionade, Mondelez, Herta (Nestlé) ou Axéréal figurent parmi les clients de Connecting Food.

Utiliser le digital pour mettre producteurs et consommateurs en relation

Malgré l’apport de la blockchain en transparence, les consommateurs cherchent de plus en plus à réduire le nombre de maillons à la chaine de production des aliments qu’ils consomment, et préfèrent se tourner vers des produits locaux issus des « circuits courts », à savoir, des produits donc le nombre d’acteurs intervenant entre le producteur et le consommateur est réduit au maximum. La consommation locale et en circuit court s’impose en tant qu’alternative face à un système agroalimentaire globalisé dont l’empreinte écologique est aussi considérable qu’absurde. Cette anecdote de Pierre Rabhi, philosophe et pionnier de l’agroécologie en France, l’illustre : « Dans les années 1980, un camion de tomates a quitté la Hollande pour livrer l’Espagne. Dans le même temps, un autre camion de tomates part de l’Espagne pour livrer la Hollande. Les deux camions ont fini par se percuter sur une route française ! ».

Finalement, en réduisant les intermédiaires, les consommateurs accèdent à des produits de meilleure qualité à prix réduit, et dont l’impact environnemental engendré par leur transport est presque nul. Outre le développement des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), de nombreuses startups se sont emparées du sujet afin de créer du lien entre les producteurs et les consommateurs. A l’instar de Potager City, une startup qui permet à ses utilisateurs de commander des paniers de fruits et légumes de saison directement aux producteurs de leur région. Ces paniers sont préparés par les équipes de la startup, avant d’être livrés chez un commerçant à proximité du domicile de l’utilisateur. Les produits sont de bonne qualité, en plus d’être locaux et peu polluants.

Finalement, l’industrie agroalimentaire s’appuie sur les solutions digitales innovantes apportées par la Food Tech afin d’optimiser la production, tout en s’adaptant aux nouvelles demandes des consommateurs. En effet, de plus en plus de consommateurs se tournent vers des offres alimentaires respectueuses de l’environnement et qui bénéficient à l’économie locale. Ils réclament plus de transparence sur les conditions de production et la provenance des produits qu’ils consomment, et poussent les industries agroalimentaires à s’adapter à travers l’utilisation de la blockchain. Pour autant, certains consommateurs se tournent vers des systèmes alternatifs développés par les startups de la Food Tech, et qui permettent de créer un lien direct entre producteur et consommateur à travers des plateformes digitales.

Dans le même temps, pour nourrir 10 milliards d’habitants en 2050, de nombreux producteurs misent sur l’optimisation de leurs terres cultivables plutôt que sur l’augmentation de leur espace cultivable. Cette optimisation se traduit notamment par la collecte de data sur les zones de production, dont l’analyse par des solutions d’IA permet d’augmenter les rendements en limitant les pertes. Pour autant, l’impression alimentaire se positionne comme une toute nouvelle perspective d’évolution, puisqu’il s’agirait de créer des denrées alimentaires personnalisées. Une solution technologique au potentiel immense qui risque de rester très impopulaire en société.