Le Ministère des Sports, la Fédération française de football, l’Association nationale des sports professionnels et les ligues professionnelles de basket, football, handball et rugby ont souhaité la réalisation d’une étude sur la connectivité des enceintes sportives. Il s’agissait notamment de faire un état des lieux de la situation des infrastructures existantes et de l’offre française ainsi que d’élaborer un programme fonctionnel et des solutions opérationnelles utiles pour chaque enceinte et chaque club résident. 

Les acteurs ont décidé de poursuivre cette démarche autour d’une newsletter mensuelle sur la digitalisation des événements sportifs.

Les infos du mois

L’avis de la Sportech

L’utilisation des outils technologiques pour améliorer les performances sportives
Entretien avec Pierre Miralles, Co-fondateur de Footovision

A l’international

  1. Les organisateurs du Marathon de Kyoto ont annoncé que l’édition 2021 de l’épreuve se déroulerait exclusivement en ligne, via l’application Tatta. Cette édition aura lieu en février 2021, soit seulement cinq mois avant le début des Jeux de Tokyo.
  • Dans le cadre d’un partenariat avec Alibaba, le Comité international olympique (CIO) a recours à la technologie numérique pour mobiliser les fans partout dans le monde et lance un jeu interactif portant sur Tokyo 2020 pour les fans chinois. Ouvert du 23 au 27 juillet 2020, les joueurs pouvaient tenter de gagner des billets d’entrées à l’événement. Aussi, le CIO a lancé un portail officiel des Jeux destiné aux fans chinois sur Tmall (le plus grand site de B2C en langue chinoise).
  • Le club écossais semi-professionnel des Caledonian Braves est à l’origine d’une innovation intéressante. En créant une application dédiée accessible pour £19.99 par an, les fans peuvent obtenir un siège virtuel au sein de la salle du conseil décisionnel. Ce faisant, ils pourront faire entendre leurs voix lors des prises de décision majeures et participer à certaines tâches administratives et organisationnelles du club.
  • Microsoft et Michelob se sont associés pour permettre aux fans de la NBA de vivre une fan experience digitale. En installant des écrans géants et des caméras autour du terrain de basketball du complexe sportif d’Orlando (le ESPN Wide World of Sports Complex), 320 fans apparaissent assis les uns à coté des autres grâce à un « Together Mode » et peuvent soutenir leurs équipes. Leurs réactions sont retransmises en direct autour du terrain. Les résultats sont plutôt positifs.
  • D’autres initiatives ont été lancées pour permettre aux joueurs de retourner sur les terrains et aux fans d’assister aux événements sportifs sans prendre de risques sanitaires. Parmi ces initiatives, on retrouve notamment le portail « Cityzens » et l’application mobile Man City App mis en place par le club Manchester City, la Major League Baseball (MLB) et sa plateforme de Réalité Virtuelle (VR) ainsi que ses plus de 500 actions différentes réalisables par les fans virtuels ou encore le SafeTag porté par les joueurs de la  National Football League (NFL).

Les Brèves

  • L’Olympique de Marseille (OM) et Sorare ont annoncé mardi 28 juillet la signature d’un contrat de licence qui permet à la start-up d’exploiter l’image des joueurs de l’OM dans son jeu de fantasy blockchain. Concrètement, les fans collectionnent des cartes numériques de joueurs et participent à des compétitions en ligne pour tenter de remporter de la cryptomonnaie en fonction de leurs performances. En échange, l’OM reçoit des royalties sur la vente des cartes nouvellement émises (entre 5 et 15%) et complémente ses revenus.
  • La Ligue Nationale de Handball (LNH) s’est lancée sur le réseau social chinois TikTok avec le nom de compte @handballeurPro. Retrouvez le compte de la LNH ICI.
  • beIN SPORTS et la LNH poursuivent leur collaboration sous de nouvelles conditions. Le diffuseur exclusif du du championnat de Lidl Starligue retransmettra en direct les trois meilleurs matchs sur les canaux premium de la chaîne et, afin d’élargir la base de supporters de handball, l’ensemble des 30 clubs professionnels pourront diffuser les matchs non retransmis sur leurs propres supports digitaux.
  • Le club du Dijon Football Côte-d’Or (DFCO) a décidé de lancer sa chaîne Twitch et a rediffusé les deux matchs amicaux contre Metz (le 7 août) et contre Nîmes (le 15 août) en live. Le Real Madrid, la Juventus, le Paris Saint-Germain (PSG), et Arsenal ont aussi récemment signé des partenariats avec la plateforme Twitch afin d’améliorer leur fan experience.
  • L’Olympique de Marseille (OM) lance l’OM Data Lab, un « laboratoire d’innovation » qui rassemblera toutes les innovations digitales et numériques du club, et qui permettra d’améliorer la fan experience et les performances des joueurs. A termes, cette plateforme devrait accélérer la transformation digitale du club.
  • La nouvelle chaîne française Téléfoot s’associe à Netflix et propose un abonnement à moins de 30 euros par mois pour accéder en direct à la chaîne Téléfoot ainsi qu’aux contenus Netflix en HD pour deux écrans.
  • A l’occasion de la finale de la Coupe de France qui a opposé le Paris Saint-Germain (PSG) à l’AS Saint-Etienne (ASSE) le 24 juillet dernier, l’équipementier sponsor de l’ASSE, Le Coq Sportif, a organisé une grand rendez-vous digital destiné aux supporters de l’ASSE pour assister au match via l’application Zoom.
  • Le PSG a signé un nouveau contrat de trois ans avec le leader chinois de la télévision Hisense. Toutes les infrastructures du club seront équipées de produits Hisense, qui rejoint donc la liste des partenaires officiels du club.

Un peu de lecture

L’e-Fise est une évolution du Fise, SportBusiness.Club

Hervé André-Benoit, le président d’Hurricane Group, la société organisatrice de l’édition annuelle du Fise de Montpellier, explique pourquoi ce rendez-vous mondial des « action sports » s’est transformé cette année en un festival en ligne e-Fise. Lisez l’article ou écoutez l’interview en podcast.

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« Toi aussi, fais les jeux ! » : Paris 2024 lance son club pour partager l’aventure olympique et paralympique avec tous les Français, FrancsJeux

Paris 2024 a lancé le « Club Paris 2024 » qui va permettre au plus grand nombre de prendre part à l’aventure des Jeux. En effet, chaque mois jusqu’en 2024, le Club proposera à ses membres de prendre part à des challenges ludiques et accessibles à tous. La sélection d’amateurs est très inclusive, mais les candidats les plus actifs auront plus de chances d’obtenir des récompenses. Leurs points seront comptabilisés en connectant leur application de sport d’usage à Paris 2024.

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5G and the Future of Live Sports, Sporttechie

Visionnez le webinaire organisé par Sporttechie à propos de l’avenir de la fan experience. Comment la 5G et autres nouvelles technologies permettront d’améliorer la fan experience tout en assurant un retour aux stades dans de bonnes conditions sanitaires ? Frank Conway (Chief Product Officer à VenueNext), Mike Finley (CEO de Boingo) et Andy Loughnane (President d’Austin FC) sont les trois invités qui interviendront dans ce webinaire modéré par Taylor Bloom, le CEO de SportTechie.

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Sport : le digital pour gérer l’après Covid-19, L’empreinte digitale

Dans quelles conditions les fans pourront-ils retourner dans les stades ? Comment le digital va-t-il permettre de faciliter les bonnes conditions de ce retour et d’améliorer la fan experience ? Les conséquences de la crise COVID-19 sur la fan experience et le fan engagement sont traitées dans ce podcast.

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Managing crowds in stadiums after the COVID-19 break with Zack KLIMA founder of WaitTime, Fanstriker

Une fois de retour aux stades, les fans respecteront-ils les mesures de distanciation sociale et de sécurité sanitaire ? Zack Klima est CEO de WaitTime, une plateforme permettant d’analyser et d’optimiser les zones d’attente. A travers une application, la situation des files d’attente aux différents stands d’un événement est retranscrite en direct, permettant aux invités d’un événement d’interpréter à quel moment privilégier leurs déplacements. 

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Le tweet du mois

Du côté du esport

  • Facebook a lancé son application mobile Facebook Gaming app dédiée au esport. Après de nombreux échecs, la tentative de Facebook de développer sa propre plateforme d’esport en direct a finalement été acceptée par Apple et est disponible sur iOS.
  • Ferrari est entré dans le esport et a participé aux F1 Esports Pro series qui réunit les meilleurs « sim-racers ». A 17 ans, l’italien surnommé « Tonzilla » a remporté la course avec l’équipe Ferrari Driver Academy (FDA) Hublot Esports team, formée en 2019.
  • EA Sports (éditeur du jeu vidéo FIFA) a signé un contrat avec l’AC Milan et l’Inter qui lui lèguent tous deux une licence exclusive. Les deux clubs seront donc renommés dans le jeu PES 2021 qui paraîtra le 9 octobre prochain.

L’étude du mois

MacKinsey & Company a publié un rapport dévoilant l’énorme potentiel financier que représente le marché de l’esport, analysé à travers les consommateurs allemands. L’industrie du esport représentait 950 millions de dollars en 2019 et devrait atteindre 1.1 milliard en 2020. Retrouvez les principales conclusions du rapport ICI.

Le dossier thématique

L’intelligence artificielle

Les machines remplaceront-elles les hommes et la décision humaine ? C’est la question qui se pose avec insistance à mesure que l’intelligence artificielle se développe et que les machines sont progressivement dopées à cette nouvelle technologie. Si l’IA en reste encore au niveau expérimental dans de nombreux domaines, le marché connait une croissance exponentielle alors que cette technologie constitue un potentiel avantage stratégique pour l’entité la développant. Le marché de l’intelligence artificielle pourrait ainsi atteindre les 90 milliards de dollars en 2025 contre 200 millions générés en 2015.

L’intelligence artificielle renvoie à différentes techniques et programmes visant à doter des machines d’une certaine forme d’intelligence réelle. Que ce soit à travers la formalisation d’algorithmes ou l’intégration d’un grand nombre de data, la machine doit être en capacité de reproduire certains processus cognitifs propres à l’homme. Les intérêts d’une telle technologie sont nombreux, le principal avantage résidant dans l’aide à la décision qu’elle peut fournir aux individus. Recoupant de multiples données et informations, l’IA est en capacité de produire une analyse prédictive de certaines situations et ainsi d’orienter et de faciliter la prise de décision là où l’étude des données s’avérerait particulièrement fastidieuse pour l’homme. Les mises en application de l’intelligence artificielle sont d’ores et déjà variées et intégrées notamment à nos smartphones. C’est par exemple grâce à l’IA que les assistants vocaux comme Siri ou Google Assistant fonctionnent sur les smartphones. La technologie permet ici d’améliorer la reconnaissance vocale et renforce la pertinence des contenus proposés. Outre la reconnaissance vocale, les machines dotées de l’intelligence artificielle peuvent également être en capacité de reconnaitre les individus et de classifier des types d’images et de photos. Les secteurs de la médecine, de la finance ou encore des transports, avec l’exemple des voitures autonomes, se saisissent particulièrement de l’IA actuellement et convoitent ses avantages potentiels.

Étant en capacité d’analyser des quantités énormes de données là où l’homme ne peut se concentrer que sur un nombre limité, le développement de l’intelligence artificielle suscite de multiples questions éthiques. Le risque réside principalement dans la conception possible d’une machine qui serait trop consciente ou autonome et sur laquelle les concepteurs n’auraient plus d’emprise. Pouvant procurer un avantage à la fois compétitif et stratégique à l’institution la développant, la course à l’IA tend à accentuer ce risque.

Face aux capacités prédictives de l’intelligence artificielle, le monde du sport tente de se positionner et de s’approprier cette nouvelle technologie. La possibilité offerte par l’IA d’analyser un grand nombre de données est particulièrement prisée par les acteurs sportifs. Une telle analyse pourrait participer à l’optimisation de la performance des athlètes en s’appuyant notamment sur leurs prestations passées et leurs possibles défaillances. Les projets mêlant IA et performance sportive se multiplient actuellement, bien que nombre d’entre eux n’en soit qu’au stade du balbutiement. Ces mêmes projets d’intégration de l’intelligence artificielle dans le monde du sport ne se limitent pas uniquement à la performance sportive mais touchent à des thématiques multiples comme l’arbitrage, les contrôles antidopage ou encore la gestion des flux dans les stades.

L’IA au service de la performance sportive 

Avec le développement du digital et l’apparition de capteurs connectés suivant les athlètes dans leur effort, la production de data relative à la performance des sportifs a explosé. Les staffs techniques ont actuellement à leur disposition des données multiples concernant les prestations passées d’une équipe ou du sportif qu’ils encadrent. A tel point que l’analyse de ces données s’avèrent parfois trop fastidieuse et que l’ensemble de cette base ne peut être mobilisé. C’est dans ce cadre que l’intelligence artificielle peut s’avérer particulièrement pertinente et avantageuse. L’IA va, de fait, être en capacité de recouper de multiples informations et de proposer une analyse fine des points d’amélioration possible d’un sportif. En découle une aide à la décision pour une équipe et la définition d’un plan d’entrainement spécifique. Le but de tels dispositifs est de réduire le caractère imprévisible de la performance sportive et d’optimiser les résultats obtenus. Analysant les données générées par les mouvements de joueurs présents sur un terrain, la startup française Skillcorner a récemment signé un partenariat avec le club de football de Liverpool en ce sens. La startup parvient à collecter et étudier un nombre conséquent de données de manière automatisée grâce à l’IA, données qui seront ensuite transmises et exploitées par le club.

Outre le recoupage de données, l’intelligence artificielle parvient également à analyser la gestuelle et donc la technique des athlètes. À travers l’intégration d’algorithmes de motion-picture, l’IA peut être en capacité de déterminer quels sont les gestes et coups qui permettent à un joueur de gagner le plus de points. La startup Katapult s’est notamment intéressée à la gestuelle de plus de 3 000 joueurs de tennis, gestuelle qu’elle a modélisée. Grâce à cette modélisation, Katapult est par exemple en mesure de déterminer si un enfant doit effectuer ses revers à une ou deux mains.

Si certaines nations comme le Royaume-Uni ont d’ores et déjà consenti d’importants investissements afin d’intégrer l’intelligence artificielle au domaine sportif, la France tente de son côté de rattraper son retard. Le CNRS pilote actuellement un programme de recherche sur la haute performance sportive intégrant l’IA comme un levier potentiel d’optimisation de la performance. Doté à hauteur de 20 millions d’euros par les ministères de l’Enseignement supérieur et du Sport, ce programme est notamment construit en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024 et vise à accompagner les athlètes français dans leur quête de médailles. D’autre part, l’INSEP et l’Agence nationale du sport ont signé fin 2019 une convention sur le développement d’un « Sport Data Hub ». Le but de ce hub est également de s’appuyer sur la data et l’IA pour améliorer les résultats obtenus par les sportifs nationaux, signe de l’intérêt croissant de la France pour ces nouvelles technologies.

Fournissant une aide à la décision, l’intelligence artificielle pourrait également être mobilisée dans le monde du sport par l’arbitrage. La fédération internationale de gymnastique s’intéresse particulièrement aux possibilités offertes par cette nouvelle technologie. L’IA serait en capacité de modéliser les mouvements des gymnastes et d’analyser finement les données entourant leur gestuelle. En découle la production d’une note attribuée à chaque athlète et pouvant être considérée comme impartiale. Si un tel dispositif pourrait marquer la fin de l’arbitrage humain dans cette discipline, le travail de la machine a davantage vocation à aiguiller et à faciliter la décision des juges plutôt qu’à les remplacer.

Alors que les contrôles antidopage se modernisent et s’affinent chaque année, les fraudes se perfectionnent elles-aussi voire s’institutionnalisent dans le cas récent des athlètes russes. Différentes agences de lutte contre le dopage développent en ce sens des programmes basés sur l’IA afin de renforcer la détection des irrégularités. C’est le cas de l’Agence mondiale antidopage qui a récemment lancé 4 projets de recherche en Allemagne et au Canada, projets ayant pour but d’évaluer la pertinence de l’IA dans la lutte contre le dopage. La machine pourrait notamment recouper de multiples données relatives au bilan de santé des athlètes. En compilant un grand nombre d’informations s’inscrivant à long terme, l’IA serait en capacité d’identifier des irrégularités pouvant échapper à l’homme. Comme pour l’arbitrage, la technologie constitue ici un outil au service de la décision humaine et de l’équité entre les différents sportifs.

Quel rôle pour l’intelligence artificielle dans la fan experience?

S’insérant dans une vague plus large de digitalisation et d’introduction des nouvelles technologies dans le domaine sportif, l’intelligence artificielle est progressivement utilisée au sein des enceintes sportives. Son utilisation peut, de fait, participer à la régulation des flux à l’intérieur des stades et ainsi optimiser l’expérience des spectateurs. Les clubs vont s’appuyer sur les multiples caméras et capteurs présents dans l’enceinte afin d’obtenir des données sur les possibles files d’attente présentes devant des buvettes ou dans les gradins. Ces données pourront ensuite être traitées par l’intelligence artificielle dans le but d’optimiser les flux de supporters et de les orienter vers des espaces non embouteillés. Les clubs auront également la possibilité de renforcer certains dispositifs d’accueil en fonction de l’analyse produite par l’IA. L’Amsterdam Arena développe en ce sens une solution d’intelligence artificielle permettant de guider et d’aiguiller les spectateurs vers leurs sièges en prenant en compte les différents déplacements de supporters en cours dans le stade. En résulte une certaine optimisation de l’expérience fan qui se voit offrir une assistance digitale à l’intérieur du stade et peut éviter les files d’attentes parfois importantes.

Alors que les modes de consommation du sport évoluent rapidement et s’orientent vers une consommation digitale dans laquelle la durée des contenus tend à se réduire, l’IA permet aux clubs et diffuseurs de s’adapter à cette évolution. Les machines dopées à l’intelligence artificielle vont en effet être capables de produire des contenus relatifs à une rencontre sportive en temps réel. La technologie va parvenir à capter et identifier les moments importants d’un match pour en faire des résumés de manière automatique, là où un traitement humain peut s’avérer chronophage. La fan experience en ressort enrichie puisque des résumés vont être proposés en temps réel à chaque supporter, favorisant dans le même temps l’animation par les clubs de leurs communautés. Le service de diffusion du CIO, ou Olympic Broadcasting Services, avait notamment chargé une cinquantaine de loggers d’alimenter en métadonnées tous les flux vidéo disponibles lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Cette alimentation devait favoriser la diffusion des contenus tout en les automatisant grâce à des algorithmes prédéfinis, signe de l’importance croissante de programmes informatiques autonomes et intelligents.

Pour finir, le remplissage des stades et l’augmentation des audiences télévisuelles peuvent être favorisés par l’intelligence artificielle. C’est en partant de cette idée que la Liga espagnole de football a décidé de définir le calendrier de ses rencontres. Celui-ci s’est appuyé sur l’intelligence artificielle et l’analyse de datas collectées pendant les dernières saisons pour estimer à quelle date un match peut rassembler le plus de spectateurs et téléspectateurs. L’heure idéale de tenue de la rencontre est également évaluée alors que ce programme d’IA se base sur 27 variables différentes et sur la compilation des données des quinze dernières saisons. L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du sport coïnciderait-elle avec la fin des images de tribunes vides ? Si l’objectif parait ambitieux, nul doute que l’IA constitue un outil au service des clubs, tant du point de vue de la performance que de celui de la fan experience.

Le Thème Hors sport

La digitalisation des festivals

« Une représentation périodique, identifiée et dédiée à un genre musical ou à une thématique, plusieurs artistes sur une ou plusieurs scènes », voici la définition attribuée au concept de festival. Chaque année, plusieurs milliers de festivals ont lieu et couvrent des domaines toujours plus diversifiés : spectacle vivant, arts visuels, livre, cinéma, histoire, patrimoine ect. Mais, du festival français de musique Rock-en-Seine au festival mexicain de sculptures de radis la Noche de Rábanos, la liste de thématiques est aussi longue que variée.

En plus de participer au développement économique et de l’attractivité des territoires, les festivals sont des lieux forts de partage et de vivre-ensemble réunissant les festivaliers qui y participent autour d’un intérêt commun – qu’il s’agisse de sculptures de radis ou de musiques actuelles.

Pour autant, en France, les festivals représentent un écosystème culturel fragile, encore (trop) dépendant des subventions publiques et partenariats privés, et faisant face à un alourdissement progressif des charges liées à la sécurité des événements (sur fond de menace terroriste notamment). C’est particulièrement le cas du secteur des musiques actuelles – un secteur en pleine mutation en proie à des phénomènes de concentration et de concurrence accrue. L’offre artistique tend à s’uniformiser et si la recherche d’originalité est nécessaire pour pérenniser l’attractivité d’un festival, elle engendre une hausse des coûts considérable.

L’originalité a un prix, et c’est à travers la digitalisation que de nombreux organisateurs de festivals se tournent pour se réinventer. L’enrichissement de « l’expérience festivalier » permet aux organisateurs de créer de l’originalité face à la concurrence et de fidéliser les festivaliers. Et parmi ces innovations digitales, celles devenues des must-have du festival connecté au cours des dernières années se résument globalement aux nouveaux moyens de paiement, à l’utilisation des réseaux sociaux pour animer la communauté et enrichir « l’expérience festivalier », à la collection et au traitement des données, ainsi qu’à la création d’applications dédiées aux festivals et à leur billetterie.

Alors que l’efficacité de ces solutions digitales s’illustre déjà depuis quelques années, au contraire, les livestreams (concerts filmés et rediffusés en direct) et la Réalité Virtuelle (VR) se sont principalement développés dans l’urgence de la crise sanitaire. Elles représentent aujourd’hui de réelles alternatives à l’arrêt complet des festivals, conséquence de la crise du COVID-19.

Digitaliser pour améliorer « l’expérience festivalier » : les must-have du festival connecté

Billetterie digitale et application dédiée

Les billetteries en ligne se multiplient et offrent aux organisateurs de festivals un gain de temps considérable en proposant une digitalisation totale du processus d’achat des billets. La vente de billets est sécurisée et optimisée grâce à une offre d’utilisation simple et intuitive dédiée aux festivaliers. Et à cela s’ajoute la possibilité pour les organisateurs de personnaliser leurs billets, mais aussi de gérer et suivre les ventes via des rapports et analyses proposés par la majorité des billetteries en ligne. L’événement bénéficie du réseau de la billetterie à travers lequel il sera diffusé. Aussi, certaines billetteries telles que Eventbrite et HelloAsso proposent des services de design d’applications dédiées à l’événement organisé, sur lesquelles les festivaliers pourront accéder à toutes les informations relatives à l’événement : programme, billets d’entrée, carte de l’événement, notifications en direct, articles, vidéos et images, prix, leur propre consommation sur place (via les moyens de paiement cashless connectés) etc.

Le nouveau moyen de paiement « cashless »

Organisateur du Governors Balls Music Festival de New York, Tom Russel évoque l’utilisation du bracelet RFID comme une technologie devenue « un standard dans les festivals aux Etats-Unis ». En France, elle a déjà été adoptée par les fan-zones de l’Euro 2016, We Love GreenCalvi On The Rocks, le WeatherRock en Seine, La Route du rock… Ce moyen de paiement digital est relié à une carte de crédit ou rechargé au préalable avec de l’argent. En plus de réduire le risque pour les festivaliers de manquer d’argent ou d’en perdre, ce porte-monnaie électronique permet de fluidifier la rapidité de transaction dans l’enceinte du festival. Tom Russel le souligne, cette technologie est devenue un excellent moyen de réduire les interminables files d’attente devant les stands de restauration ou de souvenirs. Largement développée dans les hôtels, non seulement comme moyen de paiement, mais aussi comme clefs d’accès aux chambres, cette technologie est présente dans les festivals depuis moins d’une dizaine d’années et se décline donc sous la forme de cartes de paiement NFC (Near Field Communication, soit du « sans contact ») ou de bracelets RFID.

En termes de rentabilité, les résultats sont notables. Dans son étude sur le futur des festivals, la billetterie Eventbrite précise la nécessité de ne pas substituer cette technologie aux moyens de paiement traditionnels (carte de crédit, cash) pour laisser le choix aux festivaliers. Pour autant, les festivaliers dépenseraient 20 % plus dans l’enceinte du festival lorsqu’ils utilisent un bracelet RFID. Un potentiel pour l’augmentation du chiffre d’affaire non négligeable. Cela s’explique notamment par la facilité et la rapidité de la transaction, mais aussi par le fait que les festivaliers ne font généralement pas la démarche de récupérer l’argent non-utilisé encore stocké dans le bracelet ou sur la carte NFC. De plus, en achetant et en chargeant les bracelets, les festivaliers permettent aux organisateurs de recevoir des fonds en amont du festival. Un avantage notable donc, tant pour la gestion de trésorerie que pour l’augmentation du chiffre d’affaire.

Autre aspect du cashless : la collecte de données. L’utilisation de ces porte-monnaie électroniques permet aux organisateurs de savoir comment les festivaliers se comportent et consomment sur place selon leur profil (heure d’arrivée, boissons consommées, déplacements…). Le traitement de ces données représente l’opportunité pour les éditions suivantes de s’adapter aux demandes identifiées et donc, d’améliorer et d’enrichir « l’expérience festivalier ».

La proximité avec les festivaliers et les beacons

Alors que les moyens de paiement cashless permettent de mieux cerner la demande des festivaliers, les beacons permettent de mieux les approcher. Ces petites balises bluetooth low energy (BLE) émettent des ondes radio à faible portée, captées par les smartphones à proximité des beacons (avec un bluetooth activé) : ils diffusent aux festivaliers des messages, notifications, photos et vidéos. Qu’il s’agisse d’informations sur la séance de dédicace ayant lieu à proximité ou sur une promotion au stand de boissons le plus proche, ces communications ciblées permettent aux festivaliers de se sentir « spéciaux » et leur évitent de recevoir des messages « polluants » qui ne les concerneraient pas. Le marché explose depuis début 2015 et les festivals adoptent peu à peu cette technologie qui se développe aussi dans les aéroports, musées, magasins et entreprises.

L’animation digitale de la communauté

L’utilisation des réseaux sociaux et du mailing est devenue une condition sine qua non de la pérennité des festivals. La raison est simple : ils fournissent bien plus qu’un simple outil de communication.

En effet, participer à un festival ne se résume pas uniquement aux quelques jours passés dans l’enceinte de celui-ci. Les organisateurs optimisent « l’expérience festivalier » de leur communauté en animant « l’avant » et « l’après » festival. En amont, ils activent leurs réseaux sociaux, organisent des concours, dévoilent progressivement le programme du festival ou organisent des événements « pré-festival ». Une fois le festival terminé, les publications perdurent et portent sur des remerciements, du contenu issu de la dernière édition, puis à nouveau, sur l’édition à venir. Outre les réseaux sociaux, ces activités peuvent aussi être diffusées via des systèmes de mailing.

Au cours du festival, l’attractivité de l’événement pour l’édition suivante est en jeu. Les organisateurs peuvent compter sur les festivaliers pour endosser le rôle d’influenceur et partager des images et vidéos de l’événement en y joignant hashtags et identifications. S’il s’agit d’une source gratuite de marketing et de visibilité pour l’événement, les organisateurs peuvent chercher à favoriser le phénomène, notamment en animant leur communauté en lançant des challenges et concours du meilleur post sur les réseaux sociaux, ou en invitant des influenceurs « professionnels ». Ainsi, la visibilité de l’événement ainsi que son attractivité se démultiplient.

Digitaliser pour s’adapter face à la crise sanitaire : le boom des livestreams et de la VR

Les livestreams confinés

Les livestreams de concerts et performances artistiques ont explosé dès le début du confinement. Pour faire perdurer les événements culturels malgré l’impossibilité de se réunir, de nombreux artistes se sont produits en live, via différents réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Youtube, Twitch, TikTok…) ou plateformes créées au cours du confinement. United We Stream est un exemple de plateforme de livestreams lancée en mars 2020 depuis Berlin et ayant permis la production de plus de 1800 artistes ainsi que des levées de fonds pour soutenir les boîtes de nuit berlinoises et l’association Gesicht Zeigen. En France, les festivals en live « Je reste à la maison » (lancé au profit du Secours Populaire), « le Sofa Festival » lancé par le label Warner Music France, ou encore le « Lockdown festival » ont battu leur plein.

Malheureusement, le déconfinement ne signifie pas la reprise des festivals, car les conditions sanitaires de l’été 2020 ne permettent pas de se regrouper à nouveau dans le cadre d’événements culturels à l’échelle des plus grands festivals. Seuls quelques-uns ont pu avoir lieu, en version allégée, soit une version soumise à des conditions sanitaires strictes et restrictives. Mais une fois de plus, l’adaptation fut le maître-mot. Pour éviter l’annulation totale, une douzaine de festivals européens de métal (dont le Motocultor) ayant traditionnellement lieu au mois d’août sont entièrement disponibles en livestream (les concerts et les séances d’échanges avec les artistes). Le directeur du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, Pierre Audi, a lui aussi imaginé une « scène numérique », soit une version filmée des activités du festival respectant la programmation annoncée mais sans la présence de public. En plus d’être rediffusés sur le site du festival, ces enregistrements et lives l’ont été sur les grands médias Arte Concert et France Musique.

En réalité, de nombreux festivals tels que le Coachella Valley Music and Arts Festival ou le Dreamforce festival n’ont pas attendu la crise COVID-19 pour rediffuser en direct leurs événements et concerts. La raison est simple : d’après une étude réalisée par Livestream’s research, 30 % des personnes ayant assisté à une rediffusion en live d’un festival vont assister au festival l’année suivante. Il s’agit donc d’un moyen d’attirer de nouveaux festivaliers et d’aller « au-delà » de l’événement, car ces derniers souhaitent « tester » la qualité du festival avant de faire la démarche de s’engager à y participer, ou alors n’ont simplement pas la possibilité géographique de s’y rendre. En revanche, la qualité de la vidéo est importante : 62 % du public développerait une mauvaise opinion envers les marques présentant des productions vidéo de basse ou mauvaise qualité. Aussi, l’adaptation mobile des applications s’avère nécessaire car les vidéos sont de plus en plus visionnées sur des smartphones ou tablettes tactiles.

La réalité virtuelle (VR)

Les équipes du Laval Virtual World, le plus grand festival mondial de réalité virtuelle et augmentée, se sont tournées vers la VR pour ne pas annuler l’édition 2020 du salon. Tous les inscrits n’ayant pas le matériel nécessaire pour expérimenter une totale immersion VR dans le festival via des « casques VR » ont pu se contenter d’un écran d’ordinateur et d’une souris. Les résultats ont été plutôt bons, puisqu’en plus d’éviter l’annulation pure et simple de l’événement, « plus de 2.500 personnes se sont inscrites cette année », a souligné le directeur général du festival Laurent Chrétien, soit 2000 de plus que l’année précédente.

Si le confinement a permis de mettre en lumière les capacités de cet outil digital à immerger dans un « monde virtuel » et parallèle, quelques festivals avaient déjà initié la découverte. En effet, le Tribeca Film Festival de New York propose de plus en plus d’activités et de présentations entièrement en VR au fil de ses éditions et le Coachella Valley Music and Arts Festival a enregistré en 2014 sa première performance à 360° et a créé une application VR dédiée au festival lors de son édition 2016 afin de permettre aux fans du monde entier d’assister à l’événement en VR, sans avoir besoin d’y être physiquement.

 

Nombreuses sont les innovations digitales permettant d’enrichir « l’expérience festivalier » et de facto, l’originalité de l’évènement. En plus de se démarquer face à la concurrence, la digitalisation des festivals permet d’augmenter le chiffre d’affaire de l’événement et d’élargir la communauté de festivaliers y participant. De fait, investir dans ces technologies peut se révéler très rentable, mais surtout nécessaire au regard des menaces sanitaires qui pèsent très lourdement sur la fragile économie des festivals. Cette pandémie mondiale n’a fait que confirmer la nécessité pour le secteur de l’événementiel de développer ses capacités d’adaptation et les outils digitaux se trouvent être le sésame de sa pérennité économique.

Pour autant, l’éco-responsabilité des festivals est de plus en plus remise en question par le développement tardif d’une conscience écologique citoyenne. Si certains festivals tels We Love Green ou Marsatac se sont déjà engagés dans une démarche éco-responsable et que les outils digitaux favorisent largement leur transition, la pression politique et citoyenne pour faire évoluer le modèle écologique de l’événementiel peut être une nouvelle source de charges financières. En 2016, le célèbre festival des Vieilles Charrues attirait 278 000 personnes en Bretagne et générait 170 tonnes de déchets. 400 personnes avaient du être mobilisées pour ramasser, trier et mettre en place un système de gobelets réutilisables. Face à l’essor de ce nouvel enjeu, les festivals investiront-ils pour allier transition digitale et écologique ?