Le Ministère des Sports, la Fédération française de football, l’Association nationale des sports professionnels et les ligues professionnelles de basket, football, handball et rugby ont souhaité la réalisation d’une étude sur la connectivité des enceintes sportives. Il s’agissait notamment de faire un état des lieux de la situation des infrastructures existantes et de l’offre française ainsi que d’élaborer un programme fonctionnel et des solutions opérationnelles utiles pour chaque enceinte et chaque club résident. 

Les acteurs ont décidé de poursuivre cette démarche autour d’une newsletter mensuelle sur la digitalisation des événements sportifs.

Les infos du mois

L’avis de la Sportech

L’animation par les clubs professionnels de leur communauté
Entretien avec Jean-Marc Gillet, Chief Business Officer et Co-fondateur de BeSport

A l’international

  • L’Euroleague de Basketball a lancé son propre fonds pour accélérer la transformation digitale de ses clubs et plus particulièrement, la billetterie et les programmes de fidélisation des fans.
  • En partenariat avec Airbnb, le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (CIP)organiseront un festival virtuel à partir du vendredi 24 juillet. Pendant 5 jours, une centaine d’expériences en ligne avec des athlètes olympiens et des paralympiens animeront le festival.
  • Le groupe Monumental Sports & Entertainment s’engage avec SportTechie pour animer  virtuellement « the Sports Capital Symposium »la conférence annuelle sur les nouveaux modèles économiques de l’industrie du sport. La conférence aura lieu les 17 et 18 septembre, inscrivez-vous gratuitement ICI et effectuez un don pour l’organisation à but non lucratif Black Girls CODE.
  • La Juventus s’est lancée dans l’aventure TikTok le 9 juillet et a ouvert son compte sur la plateforme sociale chinoise. En une semaine, le compte a atteint près d’un demi-million de followers (475 k le 16 juillet à 16h). Cristiano Ronaldo a été mis en vedette dans la première vidéo publiée par le club en lançant le défi Celebrate comme votre joueur préféré. Il a reproduit la célébration de Paulo Dybala avant que d’autres de ses coéquipiers se joignent au défi.
  • L’Ajax a créé un restaurant « Pop-up », laissant à quelques supporters l’opportunité de dîner au Johan Cruyff Stadium. Le club a annoncé que cette expérience serait renouvelée.
  • A Lublin, en Pologne, les supporters font preuve de beaucoup d’inventivité pour assister aux épreuves de speedway de la PGE Extraliga. Ce type de courses de motos attire les foules mais en raison du Covid-19, la capacité des stades a été réduite à 25 % jusqu’au 21 juillet.

Les Brèves

  • La plateforme Twitch s’est associé avec l’Olympique de Marseille (OM) pour diffuser en direct deux matches amicauxopposant l’OM face au FC Pinzgau (D3 autrichienne) puis l’OM face au SV Heimstetten (D4 allemande). A l’échelle de la plateforme, les résultats sont plutôt bons. Lors du match OM – FC Pinzgau, environ 90 000 spectateurs ont assisté à l’entièreté du match et le pic de 100 000 spectateurs aurait même été atteint. En revanche, le chat de la session en live n’était pas modéré et un certain nombre de spectateurs y ont lancé des spams et trolls à un rythme frénétique, empêchant les autres spectateurs de commenter le match.
  • Le groupe Canal+ prolonge de quatre saisons son engagement avec la Fédération Française de Football en remportant les droits TV du championnat National pour la période 2020-2024. Canal+ Sport retransmettra une affiche par journée chaque lundi en prime-time, soit trente et une rencontres en direct. De plus, trois multiplex seront programmés par saison, pour les 17e (fin des matches aller), 33e et 34e journées (avant-dernière et dernière journées). Aussi, l’intégralité des rencontres seront diffusées en direct sur le site de la FFFTV.
  • Le jeu Sorare, mêlant fantasy football et cartes à collectionner dans la blockchain, séduit un pool de fond d’investissement, des spécialistes des cryptos et le joueur de football André Schürrle. La startup lève 3,5 millions d’eurospour convaincre davantage de clubs de football.
  • Chroniqueuse à l’Observatoire du Sport BusinessAurélie Lienhart revient sur l’étude publiée en partenariat avec Iquii Sport. Les trois clubs de Ligue 2 les « plus connectés » aux réseaux sociaux (Youtube, Instagram, Facebook et Twitter) sont le RC Lens (740 500 abonnés), l’EA Guingamp (590 200) et le FC Lorient (574 200)Retrouvez l’étude complète d’Iquii Sport ICI.
  • La Ligue Nationale de Rugby annonce avoir gagné en influence sur le terrain digital. Le programme de membre MyRugby est un succès et compte déjà plus de 60 000 abonnés tandis que la communauté globale des championnats français s’élèverait à 900 000 fans, soit +30 % sur le TOP 14 et +62 % sur la PRO D2.

Un peu de lecture

Face à la pandémie, le virtuel vole au secours du sport, FrancsJeux

L’avenir du sport sera-t-il virtuel ? Le débat est ouvert. Mais une chose est sûre : la pandémie de coronavirus a contraint le mouvement sportif à abandonner pour un temps ses règles et usages, pour puiser sans retenue dans la boîte à outils numériques.
Focus sur le E-FISE, la version virtuelle et connectée du Festival international des sports extrêmes.

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Idée : Un modèle d’abonnement inspiré de Netflix dans le sport, Fanstriker

Pour inciter les jeunes et les étudiants à souscrire à des abonnements, une poignée de clubs ont mis en place un modèle d’abonnement ultra-flexible.

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OTT, sport et COVID19 : « the First Dance », Le Figaro

Durant la période de confinement, le digital a explosé, laissant de côté les médias traditionnels. Le sport n’a pas été épargné, puisque même si de nombreux sports ont dû se mettre en hibernation, certains ont trouvé le moyen de faire parler d’eux, en proposant des compétitions esport ou en s’adaptant grâce aux nouvelles technologies comme le cyclisme, le sport automobile ou même le football.

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INTERVIEW : Frank Pons “réussir à donner un effet waouh en sortant du stade, Fanstriker

Frank Pons, professeur à l’Université de Laval et spécialiste du sport business nord-américain, partage son point de vue sur l’expérience fan montréalaise.

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8 Ways MLB Is Leaning on Technology to Keep Fans Engaged This Summer, Sporttechie


Avec quels outils technologiques la Major League de Baseball (MLB), le championnat de baseball américain, prévoit de s’adapter aux compétitions à huis-clos ? Augmentation de la quantité et de la qualité des caméras, animation des spectateurs via une application, bruits de supporters artificiels… Un résumé de toutes les mesures prises par la Ligue pour la reprise du championnat le jeudi 23 juillet et vendredi 24 juillet a été publié.

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Le tweet du mois

Du côté du esport

L’étude du mois

Roland Berger a réalisé une étude sur « La French SporTech : une filière dans les starting -blocks » d’après laquelle l’industrie du sport représente 555 milliards d’euros dans le monde et devrait croître de 33% d’ici à 2023. Elle souligne le contraste entre cette dynamique globale et le retard pris par la France, et plus spécialement par les ligues, fédérations et clubs en matière de transformation numérique. En revanche, le collectif SporTech, lancé en octobre 2019, est en pleine croissance et encourage cet écosystème « made in France » à faire face aux entreprises américaines.

Le dossier thématique

La 5G

Si le déploiement de la 5G fait beaucoup parler de lui, en particulier parce qu’il fait émerger des questionnements sur son impact pour la santé ou pour l’environnement, son fonctionnement est trop souvent peu clair et mal compris par beaucoup.

Que va changer l’arrivée de la 5G dans notre quotidien ? En quoi se différencie-t-elle de la 4G ? Quelles perspectives cela implique-t-il pour le sport et pour la digitalisation du spectacle sportif ?

Un internet mobile plus rapide, mais surtout pouvant supporter un plus grand nombre de connexions simultanées

Alors que le passage de la 3G à la 4G avait permis un bond important de la vitesse de connexion, avec un débit moyen multiplié par 10, la 5G promet une accélération du débit encore plus importante, de 10 à 100 fois plus rapide que sur les réseaux 4G actuels. En plus de cela, le niveau de latence sera ultra réduit, atteignant 1 milliseconde, ce qui ouvre des perspectives importantes, par exemple pour les voitures autonomes, en réduisant leur temps de réaction. Enfin, le nombre d’objets connectés pour une unité de surface sera multiplié par 100, sans pour autant réduire les performances du réseau 5G, une aubaine pour les endroits accueillant des foules à l’image des stades ou festivals, mais aussi pour envisager le monde de demain (smart city, maison connectée, etc). Dans les stades, il sera ainsi possible de bénéficier d’un réseau ultra-performant et supportant des milliers de connexions à la fois. Les spectateurs ne seront plus confrontés aux difficultés de connexion qui sont fréquentes aujourd’hui. Il sera aussi beaucoup plus simple de fluidifier le parcours spectateur grâce au déploiement de capteurs qui pourront informer en temps réel (places de parking, temps d’attente aux toilettes ou espaces de restauration, etc)

ThalesGroup

Comment cela fonctionne ?

Alors que, jusqu’à maintenant, les signaux étaient transportés via des antennes relais, le réseau 5G utilise des ondes millimétriques, qui ne se propagent que sur de très courtes distances (quelques centaines de mètres) et qui sont beaucoup plus exposées aux interférences. Elles ne traversent pas les murs, les voitures ou les arbres. Le transport des signaux 5G se fera donc grâce à une multitudes de petites stations qui pourront être placées sur le mobilier urbain, sur les toits, etc.

Il sera aussi possible d’utiliser le « slicing », un système qui découpe le réseau mobile et en réserve des parts à des usages prioritaires pour augmenter les capacités de transmission. Pour les festivals ou les grandes enceintes les soirs de matchs, c’est une possibilité particulièrement intéressante dans la mesure où le réseau pourra être accru ponctuellement dans la zone concernée. C’est aussi un atout pour les industries, notamment celles où les interruptions de chaînes de fabrication peuvent vite engendrer des conséquences économiques majeures. D’après les chiffres de la commission européenne, en 2025, la 5G devrait entraîner chaque année 113Mds€ de retombées économiques, en particulier dans les secteurs des transports, de la santé et de la distribution d’eau et d’électricité.

Les nouvelles perspectives permises par la 5G

ANFR, les usages de la 5G

Ce nouveau réseau, plus performant, va ouvrir des possibilités dans une multitude de domaines. Notre consommation de débit ne cesse d’augmenter et de plus en plus d’objets de notre quotidien ont besoin d’une connexion. L’internet des objets (IoT pour Internet of Things) se développe largement et deviendra essentiel pour un certain nombre d’usages. Ce terme désigne l’interconnexion de milliers d’objets et de capteurs, qui échangent des informations en permanence. Ils sont aujourd’hui partout : dans les routes pour mesurer la circulation et améliorer la gestion du trafic, dans les bureaux pour adapter le chauffage à la météo, dans la rue pour adapter l’éclairage public à la luminosité, etc.

Si les perspectives pour l’industrie ont déjà été mentionnées, les secteurs de la smart city, des transports ou de la santé sont aussi parmi ceux qui pourront bénéficier au maximum des avancées permises par la 5G. Sécurité publique, signalisation, voiture autonome, gestion du trafic et des parkings, éclairage public, chirurgie à distance, réalité virtuelle, dans tous les domaines l’arrivée de la 5G offre des possibilités nouvelles. Dans le secteur du sport, un certain nombre de données pourront être relevées pour améliorer l’expérience spectateur : parking, temps d’attente, mais aussi température et taux d’humidité à l’intérieur d’un stade. Il sera aussi possible pour les stades d’avoir une meilleure vision de leur empreinte environnementale et de l’optimiser grâce aux centaines de capteurs dans les stades qui remonteront les données en temps réel.

Où en est-on du déploiement ?

En 2018, des tests techniques ont été réalisés dans plusieurs villes de France, puis des tests clients en 2019

Alors que la deuxième phase des enchères d’attribution des blocs de fréquences devait avoir lieu en avril, la crise sanitaire a conduit l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) à repousser cette phase entre le 20 et le 30 septembre, pour attribuer 11 blocs de 10 MHz disponibles. Un premier bloc de fréquences de 50 MHz avait déjà été attribué. En octobre, une seconde enchère permettra aux opérateurs de se positionner sur la bande du spectre, puis la publication des autorisations pour exploiter les réseaux 5G devrait intervenir fin octobre, début novembre. Le début du déploiement n’aura donc réellement lieu qu’en novembre et décembre 2020, l’objectif de l’Arcep étant d’avoir un réseau 100 % 5G d’ici à 2030. L’année prochaine, la 5G sera proposée dans plusieurs villes et en 2022, chaque opérateur devra avoir déployé 3000 sites 5G. En 2025, 2/3 de la population française devrait avoir accès à la 5G.

En France, c’est l’Orange Vélodrome de Marseille qui est le premier équipé de la technologie 5G, en expérimentation, depuis novembre 2019. Grâce à une antenne 5G, les supporters bénéficient d’une expérience enrichie (audiodescriptions, commentaire du match dans une oreillette, VR à 360°, etc)

Quelles perspectives pour le sport ?

Le sport sera évidemment impacté par l’arrivée de la 5G, à la fois dans l’exploitation des enceintes et dans la façon de regarder le sport. C’est l’expérience spectateur qui sera transformée.

Améliorer l’expérience spectateur : connectivité et gestion des enceintes sportives

L’expérience spectateur est au cœur des préoccupations des exploitants de salles et de stades. Or, la connectivité des enceintes est aujourd’hui l’une des attentes principales des spectateurs. Ainsi, en Allemagne, il a été calculé que lors d’un match de Bundesliga, les 43 000 spectateurs moyens consommaient environ 500 Go de données, avec une hausse de moitié entre 2018 et 2019. La capacité de connexion dans les stades est devenue indispensable pour partager des photos ou suivre les actualités sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, un problème récurrent est la difficulté à se connecter à un réseau lors de grands événements : le besoin simultané de connexions entraîne une sur-sollicitation du réseau et il est parfois impossible d’envoyer des messages ou de publier sur les réseaux. La 5G permettra des milliers de connexions en simultané, sans temps de latence, offrant ainsi des possibilités démultipliées : partage de son expérience, mais aussi réalité augmentée et virtuelle, commande de boissons et nourriture à la place, etc.

La 5G jouera aussi un rôle dans l’exploitation des enceintes et le parcours des spectateurs grâce aux IoT : gestion des parkings et des flux, contrôle des identités, gestion des interventions de propreté, sécurité… La transmission d’informations en temps réel permet d’optimiser la gestion des enceintes et leur opération.

 

Améliorer l’expérience spectateur : changer la façon de regarder le sport

Au-delà de l’amélioration du réseau et de la gestion des enceintes sportives, c’est la façon même de regarder le sport qui va évoluer avec l’arrivée de la 5G. Données de matchs en temps réel, possibilité de voir ou revoir une action sous un angle différent, hologramme, les exemples sont nombreux. La 5G offrira au spectateur une expérience beaucoup plus personnalisée.

Plusieurs exemples d’expérimentations donnent à voir ce que pourront devenir les stades lorsque la 5G sera largement déployée. Ainsi, en NBA, les Sacramento Kings ont proposé aux fans une expérience unique grâce à la réalité virtuelle et la possibilité de statistiques en temps réels sur leur téléphone. Mais l’expérimentation à grande échelle la plus avancée à ce jour est probablement celle des Jeux Olympiques de Pyeongchang en 2018. Un opérateur coréen avait profité de l’événement pour déployer une couverture pré-5G sur un certain nombre de sites sportifs. 200 tablettes avaient été fournies par Samsung et permettaient aux spectateurs de voir du bobsleigh ou du patinage à 360° et de regarder plus précisément certains passages. Il était aussi possible pour des personnes qui n’étaient pas présentes de regarder ces épreuves via des casques de réalité virtuelle. Grâce à l’Omni view et à des capteurs GPS, il était possible de suivre les skieurs de fond tout au long de leur parcours et de disposer de données les concernant sur un écran. Mais la 5G était aussi disponible pour offrir aux spectateurs une expérience unique : à Séoul, un stand permettait aux visiteurs de se mettre dans la peau des athlètes grâce à des casques de réalité virtuelle, en portant par exemple la flamme olympique.

 

C’est donc l’expérience spectateur tout entière qui bénéficiera de l’arrivée de la 5G dans les enceintes sportives et qui donnera au spectacle sportif une nouvelle dimension.

Le Thème Hors sport

La digitalisation de la santé

Depuis mars dernier, le monde entier vit une crise sanitaire d’un ampleur inédite. L’occasion de constater une nouvelle fois à quel point le digital peut avoir un rôle important à jouer dans des secteurs divers. Multiplication de la téléconsultation, lancement d’une application pour automatiser l’analyse de résultats au test Covid, lancement de l’application StopCovid par le Gouvernement pour suivre les contacts et limiter les contaminations, les exemples récents d’utilisation de la technologie au service de la santé sont nombreux. Et si, du fait de l’actualité, la santé se retrouve sur le devant de la scène, elle n’a pas attendu la crise actuelle pour étudier les possibilités offertes par le digital et les nouvelles technologies.

Dès les années 70, les premiers usages du numérique dans le domaine de la santé apparaissent avec le début de l’informatisation des outils de gestion et les premières ébauches de dossiers patients numériques, qui devaient permettre de faciliter le quotidien des médecins, fluidifier le suivi des patients et les transmissions d’informations entre professionnels de santé. En 1972-1973 est mis au point le système expert Mycin à l’université de Stanford. Grâce à l’intelligence artificielle, il était capable de diagnostiquer un certain nombre de maladies du sang et de bactéries, telles que la méningite, et de recommander des antibiotiques avec un dosage adapté au patient. En 1979, le Journal of American Medical Association déclarera même que Mycin avait sensiblement le même niveau de compétence que des médecins experts des infections du sang.

L’exemple de Mycin, s’il est impressionnant d’un point de vue technologique et pour les perspectives qu’il a permis d’envisager, reste seulement la partie la plus visible du rôle des nouvelles technologies et du digital dans l’évolution de la médecine et de la santé. N’oublions pas aussi cette opération filmée en direct par des chirurgiens à l’aide de leurs Google glass ou les prothèses créées grâce à l’impression 3D.

Pourtant, l’usage du digital et des nouvelles technologies dans le domaine de la santé et du médical vont bien au-delà.

Digital et nouvelles technologies pour un meilleur suivi des patients

Le Dossier Médical Partagé (DMP), un carnet de santé informatisé

Le DMP, (initialement Dossier Médical Personnel) initié dès 2004 par le Ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, est longtemps resté à l’état de projet du fait de difficultés techniques et d’un coût élevé. Il est relancé en 2016, devenant le Dossier Médical Partagé, notamment par le décret n°2016-914 du 4 juillet 2016, qui le définit comme tel : « le dossier médical partagé est un dossier médical numérique destiné à favoriser la prévention, la qualité, la continuité et la prise en charge coordonnée des soins des patients. » Son principe : regrouper toutes les informations santé d’un individu sur une plateforme unique. Ce carnet de santé numérique doit permettre aux médecins d’échanger plus facilement sur le parcours de soin d’un patient. L’objectif est donc de faciliter le suivi des patients, la communication entre les médecins et d’éviter de répéter des examens par exemple. Fin 2019, environ 12% de la population avait créé son DMP, qui reste facultatif.

Ce DMP est automatiquement mis à jour par l’Assurance maladie, en fonction de l’historique des soins et des traitements. Si le médecin traitant a accès à toutes les informations disponibles sur le dossier, c’est bien le patient qui décide des informations rendues accessibles aux autres praticiens.

Si la population française est globalement favorable à son déploiement, il est malheureusement considéré comme difficile d’utilisation et peu ergonomique, et donc peu utilisé par les professionnels de santé. Initialement porteur de nombreux espoirs et de potentialités, il est aujourd’hui encore sous-exploité. Relancé en novembre 2018 par Agnès Buzyn, alors Ministre de la Santé, et Nicolas Revel, directeur général de la caisse nationale d’assurance maladie, qui voulaient qu’il devienne « une évidence pour les français », sa généralisation est l’une des mesures de la réforme du système de santé. Reste à voir comment cela évoluera dans la pratique.

Faciliter le quotidien des patients

Autre utilisation qui tend à se développer : les applications et capteurs permettant d’aider et autonomiser les patients dans le suivi de leur santé.

Pour les patients atteints de diabète de type 1, il est nécessaire de surveiller sa glycémie très régulièrement, ce qui peut devenir très contraignant lorsque cela implique de multiples piqûres chaque jour.  Un dispositif a été mis au point et propose un patch collé à la peau, accompagné d’un lecteur de glycémie, qui permet une surveillance automatique, 24h/24 sans interruption. Celui-ci bipe lorsque le taux de glucose est trop élevé ou trop faible. Il facilite le quotidien des personnes atteintes de diabète, en évitant par exemple des réveils nocturnes pour contrôler la glycémie ou en limitant le nombre de prise de sang par jour. Il permet aussi un meilleur suivi, puisqu’une courbe aide à visualiser les hausses et baisses tout au long de la journée. Il accorde ainsi une plus grande autonomie aux patients dans la gestion de leur maladie et une meilleure compréhension de celle-ci. A voir ici.

Gamification et quantified-self : le développement de l’automesure

Les applications et capteurs ne se limitent pas aux individus atteints d’affections. Mesure du nombre de pas parcourus par jour, de sa fréquence cardiaque, de la qualité de son sommeil, de sa nutrition, etc. Ce que l’on appelle le quantified-self, ou quantification de soi, a explosé ces dernières années grâce aux objets connectés. Avec la multiplication des smartphones et des applications, un phénomène de gamification gagne aussi la santé. Les montres, bracelets ou balances connectées permettent ainsi à des millions de français de bénéficier de données sur eux-mêmes. La miniaturisation des capteurs a aussi permis de les intégrer dans les objets du quotidien : téléphone, montre mais aussi vêtements. Si les sportifs ont été les premiers à se pencher sur l’automesure, celle-ci s’est aujourd’hui largement démocratisée.

Les applications de m-santé (pour santé sur le mobile) ont par exemple explosé : 100 000 en 2015 contre 17 000 en 2010. Plus souvent axées sur le bien-être que sur la santé, elles sont moins règlementées et de nombreuses startups émergent chaque année sur le sujet.

Maitriser son poids, son alimentation, son activité physique : le quantified-self peut-être un outil pour améliorer son bien-être. Mais si les nouvelles technologies peuvent ainsi accompagner et faciliter la prise de mesure, leur rôle sur la santé reste toutefois restreint du fait de leur capacité d’analyse limitée.

Digital et technologie au service des professionnels de santé

Diminuer la charge administrative au quotidien

Les médecins sont nombreux à s’occuper directement de tous les aspects administratifs de la gestion de leur cabinet. De nombreux outils ont été développés pour faciliter cette gestion et diminuer cette charge. Doctolib est probablement le plus célèbre d’entre eux. Ce service, payant pour les praticiens, permet une prise de rendez-vous en ligne par les patients et une gestion automatique de l’agenda du professionnel de santé. Il permet aussi, depuis début 2019, la téléconsultation.

Autre service, ZocDoc, qui propose la prise de rendez-vous en ligne mais aussi l’envoi par le patient de photos ou d’examens en amont de la consultation.

Ces outils, s’ils sont utiles, ne font tout de même pas l’unanimité : des professionnels de santé s’opposent à l’idée d’un référencement payant et ont ainsi pu se plaindre d’une diminution de leur patientèle du fait de leur absence sur des plateformes telles que Doctolib.

Intelligence artificielle et machine learning : accompagner les professionnels de santé dans le diagnostic et le suivi

Les nouvelles technologies vont bien au-delà de la gestion administrative de cabinet et jouent aussi un rôle dans le soin en lui-même. L’application e-pansement aide par exemple à identifier et catégoriser les plaies, mais aussi à choisir les dispositifs médicaux à appliquer.

CardioLogs, de son côté, accompagne les professionnels de santé dans l’analyse des électrocardiogrammes. Grâce à l’IA et à des algorithmes, les informations du patient sont analysées et comparées avec une base de données pour en déduire un diagnostic soumis au médecin.

Au Royaume-Uni, Deepmind, filiale de Google, a développé une application en partenariat avec le NHS appelée Steams, qui permet un suivi des affectations rénales. Grâce à l’intelligence artificielle, il est ainsi possible de détecter 48h à l’avance les insuffisances rénales aigües, mortelles si elles ne sont pas prises en charge à temps. Lors d’essais cliniques, l’IA a reconnu 90,1% des cas d’insuffisance rénale aigüe requérant une dialyse. Pourtant, le partenariat est au cœur d’une polémique liée à la protection des données : les données médicales d’1,6 millions de patients auraient été transmises à l’entreprise sans leur consentement explicite.

Au-delà du quotidien : digital et nouvelles technologies au service de la santé publique

Téléconsultation et lutte contre les déserts médicaux

Depuis de nombreuses années, certains territoires manquent de professionnels et d’établissements de santé. Ils sont trop peu nombreux par rapport au nombre d’habitants, et, en zone rurale, parfois très éloignés des lieux de vie des patients. Ils seraient 8 millions de français à vivre dans ces « déserts médicaux » et plus de 11 000 communes en France manqueraient de médecins généralistes d’après les chiffres du Ministère de la santé. La téléconsultation, désormais remboursée par la sécurité sociale, est porteuse de beaucoup d’espoirs pour ces territoires. Alors qu’il est parfois nécessaire d’attendre 6 à 8 mois pour une consultation chez le dentiste ou l’ophtalmologiste ou que certains spécialistes et l’hôpital le plus proche se trouvent à plus d’une heure de route, la téléconsultation offre de nouvelles possibilités. Grâce aux nouvelles technologies, les professionnels de santé peuvent suivre des patients à distance, élaborer des diagnostics et prescrire médicaments et examens. Le plan « Ma Santé 2022 » du Ministère de la Santé encourageait son développement, afin de répondre au vieillissement de la population, faciliter l’accès aux soins sur tout le territoire et améliorer les délais de prise en charge.

Le Health Data Hub, une plateforme pour accompagner la recherche

Lancé officiellement par arrêté ministériel en novembre dernier, le Health Data Hub est une plateforme qui doit permettre aux chercheurs d’exploiter les potentialités offertes par l’intelligence artificielle. En 2016, la loi sur la modernisation du système de santé créait le Système National des Données de Santé (SNDS) qui collecte des données de santé mais permet aussi leur analyse et créé des connexions entre elles. Le Health Data Hub doit permettre aux chercheurs d’accéder à ces données, mais également d’élargir leur sourçage à un plus grand nombre d’acteurs, notamment les hôpitaux, et de les utiliser pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle. L’objectif : prédire les crises sanitaires, l’évolution de certaines maladies ou encore améliorer les diagnostics. Ce projet ambitieux doit permettre, grâce à l’utilisation de l’IA, d’importants progrès et avancées dans le milieu scientifique et médical en particulier.

La technologie pour détecter et endiguer les pandémies ?

Alors que l’OMS annonçait le 9 janvier qu’une épidémie sévissait à Wuhan en Chine, BlueDot, un logiciel canadien spécialisé dans la détection d’apparition d’épidémies, avait lancé l’alerte dès le mois de décembre 2019. Grâce à l’intelligence artificielle, BlueDot est capable de passer au crible une grande quantité de sites (bulletins d’informations, mais aussi forums et blogs) dans plusieurs dizaines de langues et de croiser ces données avec les informations médicales dont il dispose. Il avait ainsi pu détecter plusieurs cas de pneumonies liés à un marché de Wuhan, ainsi que les risques et lieux de propagation du virus en croisant avec les données de trafic aérien de la ville. Or, il a été prouvé que la rapidité d’action était l’une des clés pour endiguer ces pandémies. BlueDot n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’il avait prévu l’arrivée de Zika en Floride en 2016, 6 mois avant sa survenance effective. A l’heure de la mondialisation, où les populations voyagent massivement tout autour du globe, il est évident que le risque de propagation est rapide. La crise du Covid-19 nous l’a encore rappelé. L’utilisation de technologies telles que l’IA ouvre évidemment des possibilités intéressantes.

Santé et médecine : un secteur sensible pour le déploiement du digital

Un accompagnement qui ne peut en aucun cas remplacer l’humain

Si le machine-learning, l’IA ou les applications peuvent accompagner les médecins dans leur diagnostic et le suivi des patients, ils ne peuvent pas remplacer l’analyse par un humain. Les nouvelles technologies, aussi avancées soient-elles, n’ont pas de recul et ne permettent pas une analyse de situations si les paramètres n’ont pas été préalablement « appris » par la machine. Le médecin a, lui, une vision globale du patient, de ses antécédents, de ses différentes pathologies ou des facteurs externes qui peuvent entrer en compte pour réaliser un diagnostic complet. Si la machine permettra d’augmenter la performance sur certains points (rapidité d’analyse, croisement avec un nombre plus importants de données), elle ne sera pas toujours en capacité d’établir un diagnostic complet et précis. L’IA est donc un soutien pour le médecin, mais elle ne peut le remplacer.

Par ailleurs, la question de la responsabilité se pose : qui, en cas de mauvais diagnostic avec des conséquences qui peuvent aller jusqu’au décès, est responsable ?

La protection des données au cœur des polémiques

La protection des données et le respect du secret médical sont des questions essentielles et qui reviennent régulièrement lorsque le numérique et la santé sont évoquées. Secteur particulièrement sensible, il peut rapidement devenir la cible de pirates ou d’une utilisation détournée de ces données. Sur le darkweb, un dossier médical se revend par exemple 15€. Les données de santé font partie, avec les données bancaires, des données les plus cotées sur ces marchés. Or, entre 2010 et 2017, des pirates auraient eu accès à 176 millions de dossiers médicaux aux Etats-Unis. Au Royaume-Uni, dans le cadre du partenariat entre le NHS et Deepmind, il a été révélé que les dossiers transmis à l’entreprises ne se limitaient pas à ceux des malades des reins, mais dans certains cas à tous les dossiers de patients de trois hôpitaux, soit 1,6 millions de dossiers médicaux. En France, la révélation de l’hébergement du Health Data Hub sur Microsoft a inquiété largement, malgré les mesures existantes liées au RGPD, à la loi « Informatique et Libertés » et au Code de la Santé Publique.

Ces révélations sont particulièrement inquiétantes car elles touchent à des données personnelles confidentielles et très intimes qui peuvent être exploitées de manière néfaste. L’une des préoccupations principales concerne notamment l’usage que pourraient en faire les GAFAM : quelles conséquences si ces données étaient revendues, par exemple aux compagnies d’assurance ? A noter aussi que depuis 2018 et le Cloud Act, les autorités américaines peuvent obtenir les données stockées sur les serveurs des fournisseurs de Cloud computing, que ces données soient stockées aux Etats-Unis ou à l’étranger…

Les impacts dans le cas où des pirates s’introduiraient dans les dossiers médicaux sont aussi immenses : le risque pour la santé des patients en cas d’altérations de leurs dossiers médicaux peut être énorme. Les données médicales peuvent aussi être utilisées par les pirates contre une demande de rançon, menaçant de dévoiler publiquement certaines données en cas de refus de paiement.

 

Si le digital et les nouvelles technologies offrent des potentialités colossales pour les professionnels de santé, pour les patients, mais aussi plus largement pour la santé publique nationale, les données récoltées sont extrêmement sensibles et doivent faire l’objet d’une protection particulièrement importante et inviolable. Or, certaines de ces données peuvent aujourd’hui être récoltées très facilement. Qui pense à l’utilisation qui pourrait être faite de sa géolocalisation, de ses données cardiaques ou de sommeil lors de l’approbation de CGV ou de la connexion de sa montre à une application de running ?