
Le Ministère des Sports, la Fédération française de football, l’Association nationale des sports professionnels et les ligues professionnelles de basket, football, handball et rugby ont souhaité la réalisation d’une étude sur la connectivité des enceintes sportives. Il s’agissait notamment de faire un état des lieux de la situation des infrastructures existantes et de l’offre française ainsi que d’élaborer un programme fonctionnel et des solutions opérationnelles utiles pour chaque enceinte et chaque club résident.
Les acteurs ont décidé de poursuivre cette démarche autour d’une newsletter mensuelle sur la digitalisation des événements sportifs.
Les infos du mois
L’avis de la Sportech
Quelles innovations pour le secteur de la billetterie
Entretien avec Pierre Gautier, Responsable Partenariats chez Arenametrix
A l’international
- Face à l’obligation sanitaire de tenue des rencontres sportives à huis clos, le groupe japonais Yamaha a développé une application permettant aux supporters de soutenir leur équipe à distance. Les fans auront ainsi la possibilité d’envoyer différents encouragements et chants depuis leurs smartphones, encouragements qui seront reproduits sur des enceintes disposées dans le stade et intensifiés en fonction du nombre de supporters connectés.
- Les fans du FC Barcelone vont à leur tour bénéficier d’une chaîne OTT dédiée à leur club. La nouvelle chaîne, baptisée Barça TV+, abritera ainsi plus de 3000 vidéos et 1000 heures de contenus et sera accessible gratuitement pour les socios du club.
- Le meeting de Zurich, qui devait accueillir les finales de la Ligue de Diamant cette année, se déroulera virtuellement. 3 équipes, représentant les États-Unis, l’Europe et le reste du monde s’affronteront ainsi le 9 juillet prochain à distance et depuis 7 stades différents.
- Partant du principe que la tenue de match à huis-clos pourrait se régulariser dans les années à venir, un consortium composé de responsables de l’UEFA et de diffuseurs et clubs européens, réfléchit aux possibilités d’animer un stade vide. Le projet Sensible stadium souhaite ainsi accélérer la digitalisation des rencontres sportives afin de proposer un spectacle augmenté aux fans qui pourront choisir un stade fictif ou réel dans lequel se déroule le match.
Les Brèves
- L’AS Saint-Etienne a lancé sa nouvelle chaîne OTT, appelée ASSE TV. Pour moins de 3€ par mois, les supporters auront ainsi accès à des images d’archives, des contenus inédits mais aussi au replay de l’ensemble des matchs du club de la saison 2020-2021.
- La Ligue Nationale de Volleyball et MyCoach ont annoncé la poursuite de leur partenariat. Cette collaboration permet notamment de proposer des solutions adaptées aux clubs et aux centres de formation nationaux.
- La Ligue de Football Professionnel a atteint la barre des 15 millions de followers sur les réseaux sociaux. Ce chiffre a ainsi été multiplié par 3 depuis 2016, alors que la LFP a renouvelé son identité digitale en janvier dernier.
- Le FC Nantes a dévoilé sa nouvelle application de réalité virtuelle. Elle permettra aux fans du club nantais de visualiser à 360° des photos et vidéos de matchs, d’entrainements ou encore du stade de la Beaujoire.
- Si la tenue de courses physiques est toujours rendue impossible par les contraintes sanitaires, l’organisation de courses digitales s’accélère. Un 10km virtuel est ainsi organisé les 20 et 21 juin par SportHeroes. Dans ce cadre, chaque participant est invité à choisir son tracé, selon certaines contraintes préétablies afin de garantir l’équité entre coureur. Un classement sera ensuite établi en fonction des performances enregistrées sur les montres et objets connectés des participants.
- Afin de limiter l’image des loges vides de Roland-Garros, les organisateurs pourraient mettre en place un système de notification SMS informant certains spectateurs des places libres en loge. Ce service serait payant et accessible via une application.
- Le Castres Olympiques a publié sur Twitter 3 vidéos contenant les essais inscrits au cours de la saison. En fonction du nombre de likes attribués à chaque vidéo, le club reversera 200€ à la Fondation Paul Bennetot.
- La Lidl Starligue de handball a organisé la cérémonie de remise des prix de meilleurs joueurs de la saison en direct sur sa page Facebook le 26 mai dernier. Elle comptabilise 90 000 vues sur Facebook, 6 000 sur Youtube et 120 000 au total sur Instagram.
- L’Élan Chalon basketball a organisé un live YouTube réservé à ses abonnés et en la présence des dirigeants du club. Recensant plus de 300 connexions, ce live était une occasion pour les supporters d’entretenir leur lien privilégié avec leur club et de poser des questions aux dirigeants dans cette période d’incertitude.
Le FC Nantes se lance dans la réalité virtuelle à travers sa nouvelle application "FC Nantes VR" 🥽
Une expérience innovante d'immersion en 360° et en réalité virtuelle.
Disponible sur Apple Store et Google Play 📲 pic.twitter.com/JKxG56jtHU
— FC Nantes (@FCNantes) June 11, 2020
Un peu de lecture
The C-Series 5 : Covid-19 and the future of hospitality and entertainment
La crise sanitaire et la période de confinement qui en découle ont fait évoluer les habitudes de consommation des individus et pourraient modifier leur rapport au divertissement et aux sorties culturelles. Pour se faire, le secteur du divertissement peut être amené à modifier les espaces actuels de son activité ou bien à penser de nouveaux en mobilisant notamment le digital et la technologie.
Le coronavirus accélère la mutation du sport spectacle
Si la crise sanitaire impose la tenue de matchs à huis clos, elle invite également les clubs à penser l’animation de leur communauté dans le sport d’après. Entre autonomisation des jours de matchs et mobilisation des nouvelles technologies.
Stoppées par la crise sanitaire, les compétitions sportives cherchent à se réinventer
À l’image du Garden Clash, organisé notamment par Renaud Lavillenie et Armand Duplantis, l’organisation de compétitions virtuelles et à distance se multiplient à travers différents formats.
College Teams and sponsors push digital to grow without sports
Face à la perte de visibilité représentée par l’impossible tenue de rencontres sportives, les clubs et leurs sponsors s’appuient sur le digital pour tenter de maintenir et d’honorer leur partenariat.
Technologie et Fans, deux piliers du sport d’après
Afin de conserver sa place de choix dans la tenue de rencontres sportives, le supporter pourrait être amené à utiliser encore davantage les nouvelles technologies, conçues comme un support du soutien apporté au club.
How AR and VR will enhance the future of the sports arena experience
Les possibilités offertes aux supporters par la réalité virtuelle et par la réalité augmentée se multiplient à mesure que les stades se modernisent. L’expérience spectateur tend en ce sens à devenir mixte, mêlant l’expérience physique au digital.
Football : le marché des droits télé plonge dans l’inconnu
L’annulation en cascade de rencontres sportives tend à remodeler le modèle de diffusion des matchs de football. Les plateformes de streaming, comme Twitch et Amazon, se sont immiscées dans le paysage audiovisuel sportif pendant la crise et pourrait, à terme, conserver une place importante dans la diffusion de ces évènements.
Le tweet du mois
⚽️🇩🇰 Pour la reprise du championnat danois de football, le club de @AGFFodbold a fait très fort avec l'installation d'écrans géants dans les tribunes pour permettre aux fans et aux joueurs de se voir mutuellement via Zoom !#FanExperience #Covid19 pic.twitter.com/IaQ5YIFcu0
— Fanstriker.com (@fanstriker) May 29, 2020
Du côté du esport
- Après avoir lancé sa chaîne Twitch pendant le confinement, Tony Parker a annoncé la tenue d’un rendez-vous récurrent avec le streamer Gotaga. 2 fois par mois, l’ancien basketteur réunira ainsi des sportifs et esportifs autour de rencontres virtuelles sur différents jeux vidéo. Après avoir avoir ouvert la Tony Parker Adequat Academy, visant à former de futurs esportifs professionnels, le président de l’ASVEL montre donc de nouveau son intérêt pour le développement du esport.
- Level 256 a réalisé un dossier sur le développement des compétitions esportives et sur leur structuration dans les années à venir. Les tournois de esport devraient ainsi se structurer à la fois autour de ligues fermées mais également au sein de différentes franchises, ayant pour elles un avantage de stabilité rassurant les investisseurs.
- L’organisation des eSeries BNP Paribas, tournoi virtuel de Roland Garros, a permis de récolter 50 000€destinés aux Hôpitaux de Paris grâce à l’opération #RGEnsemble.
- Si les compétitions esportives et virtuelles se sont multipliées pendant le confinement, seuls 8% des Français déclarent avoir assisté à ce type de rencontres selon une étude réalisée par YouGov. Parmi les tournois virtuels les plus suivis, on retrouve le football en première position avec le jeu FIFA20, suivi par la Formule 1 et le cyclisme.
- Après l’organisation de courses de Formule 1 virtuelles, de nombreux pilotes ont participé à l’édition virtuelle des 24 Heures du Mans. Parmi eux, Pierre Gasly, Charles Leclerc ou encore Max Verstappen se sont confrontés à des esportifs depuis des simulateurs de conduite.
👑The laurel wreath goes to the @RebellionRacing @WilliamsEsports for the very first #LeMans24Virtual ! pic.twitter.com/wowXXGhRGY
— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 14, 2020
Le dossier thématique
La blockchain
A l’image du très médiatique bitcoin, cryptomonnaie créée en 2008, les projets fondés autour de la blockchain se multiplient ces dernières années. Utilisée aussi bien par les secteurs financiers, bancaires ou pharmaceutiques, la blockchain présente en effet un certain nombre d’avantages inhérents à son fonctionnement. La blockchain renvoie ainsi à une technologie permettant le stockage et l’échange d’informations de manière sécurisée, transparente et décentralisée. S’apparentant à une base de données, elle donne à ses utilisateurs la possibilité de partager des informations sans la présence d’intermédiaire. En ce sens, la principale caractéristique de la blockchain réside dans le fait qu’elle ne possède pas d’organe central de contrôle. Chaque utilisateur possède ainsi un égal accès à l’historique des échanges effectués et peut vérifier la validité de la chaine des blocs.

Concrètement, la blockchain peut permettre la traçabilité d’un produit et la transparence quant à sa fabrication. C’est dans cette démarche que le groupe Carrefour a lancé en 2018 une blockchain applicable à certains de ses produits estampillés « Filière Qualité ». Les consommateurs peuvent ainsi scanner un QR code présent sur les produits en question et prendre connaissance du circuit effectué par ce même produit. Les producteurs sont invités à renseigner eux-mêmes les informations fournies. Cette blockchain alimentaire répond dans le même temps à une nécessité de transparence pour le groupe de la grande distribution et à une recherche de qualité de la part du consommateur. La circulation et l’accès à l’information est ici déterminante et incite certains secteurs à s’orienter vers cette technologie. Comme évoqué auparavant, le secteur de la finance tente en ce sens de s’approprier la blockchain, l’exemple du bitcoin étant éloquent à cet égard. Si l’absence d’autorité centrale de régulation donne un caractère infalsifiable et transparent à la blockchain, elle peut également accentuer l’instabilité présente dans certaines chaines de block. Le cours du bitcoin est ainsi particulièrement volatile car sujet à la spéculation. Sur la seule année 2017, le cours du bitcoin a ainsi augmenté de 1000%, étant tout aussi exposé à des chutes exponentielles. Il convient ainsi de garder à l’esprit les risques potentiels entrainés par l’absence d’une régulation centrale, caractéristique essentielle de la blockchain.
Dans une ère de progressive digitalisation des évènements et clubs sportifs, la blockchain peut apporter un certain nombre de solutions au domaine du sport. De par une optimisation de la circulation de l’information, la blockchain représente une opportunité de diminution substantielle des coûts de structure pour les organisations sportives. Elle offre en même temps une occasion pour les clubs de se rapprocher de leurs fans et de mobiliser leur communauté. En découle un renforcement des interactions existantes entre le club et ses supporters. Ces mêmes interactions sont rendues visibles grâce à la blockchain et potentiellement récompensées pour les fans les plus fidèles. Cette technologie peut également être conçue comme un moyen de financement tant des sportifs que des organisations, preuve de la multiplicité des solutions offertes par la blockchain. En ce sens, c’est bien la multiplicité et l’adaptabilité des solutions blockchain qui en font sa force et qui la rendent particulièrement attrayante pour le secteur sportif. A tel point que des solutions se développent également dans le milieu sportif amateur. La blockchain pourrait ainsi se généraliser dans le monde du sport dans les prochaines années alors que divers programmes sont d’ores et déjà fondés sur cette nouvelle technologie.
La blockchain au service du fan engagement et de la vie des clubs
À l’heure de la digitalisation, les moyens permettant aux clubs de se rapprocher de leur communauté se multiplient. Que ce soit à travers le développement de plateformes OTT, l’animation des réseaux sociaux ou encore la création d’application mobile dédiée au club, les relations entre une organisation sportive et ses fans tendent à se diversifier et à s’intensifier. Parmi ces nouvelles technologies, la blockchain offre également des solutions en matière de fan engagement.
L’émission par certains clubs de leur propre cryptomonnaie s’inscrit dans cette logique. Ces monnaies virtuelles participent à la fidélisation des fans tout en mobilisant la communauté concernée. Dans ce cadre, le club va mettre en vente des jetons ou « tokens » grâce à la technologie blockchain d’accessibilité et de transparence de l’information. L’acquisition de jetons permettra à son acheteur de prendre part à certaines décisions du club. Ces décisions pourront fluctuer d’un club à l’autre, allant du choix de la couleur d’un maillot à celui de la chanson de célébration qui suivra un but.
Le Paris Saint-Germain s’est récemment lancé dans ce choix stratégique de la monnaie virtuelle. Le club de la capitale a ainsi mis en vente 20 millions de jetons à 2€ l’unité en janvier dernier. Grâce à un partenariat signé avec la plateforme socios.com, les fans du monde entier ont la possibilité d’acheter des « tokens » leur permettant de participer à certaines prises de décision. Si le PSG a fait le choix de lancer sa monnaie virtuelle, c’est davantage dans une volonté d’activation de sa communauté que par besoin de financement. Les 2 millions d’euros générés par la vente de jetons restent ainsi relatifs compte tenu du budget du club. Ces jetons permettent cependant d’atteindre les supporters du club à travers le monde et de renforcer les liens avec la communauté internationale des fans. Afin de limiter la spéculation autour de sa cryptomonnaie et de récompenser la fidélité de ses supporters, le PSG devrait également offrir des récompenses aux détenteurs de jetons les plus anciens.
Si plusieurs organisations sportives à dimension internationale ont d’ores et déjà lancé leur monnaie virtuelle, les clubs amateurs et « intermédiaires » ne restent pas sans solutions face à cette utilisation de la blockchain. D’autres dérivés de cette technologie participent également à la mobilisation des fans et des bénévoles. C’est le cas du projet club Token, récompensé en 2019 dans le cadre du Hackaton Sport organisé conjointement par les fédérations françaises de football et de tennis, Le Tremplin et le ministère des Sports. La solution proposée par ce projet est d’offrir des « tokens » aux licenciés, bénévoles ou supporters des clubs en fonction de leur investissement dans la vie de l’organisation. Ces tokens constituent des points de fidélité qui, une fois cumulés, seront échangeables contres différents cadeaux tels que des billets de matchs ou des produits à l’effigie du club. L’investissement de chaque membre du club est ainsi visible à travers la blockchain et récompensé par l’attribution de points de fidélité.
La blockchain : un nouveau moyen de financement du secteur sportif ?
Si les possibilités de gagner en visibilité sont aujourd’hui immenses tant pour les sportifs que pour les clubs, notamment à travers l’utilisation des réseaux sociaux, le risque de se noyer dans une masse d’information est tout aussi important. Pour les jeunes sportifs, il peut apparaitre complexe de façonner son image afin de favoriser la détection par des organisations professionnelles tout en développant dans le même temps ses capacités sportives. La blockchain peut permettre d’œuvrer en ce sens en facilitant le financement des futurs talents. La transparence et la circulation de l’information, inhérentes à la blockchain, donnent l’opportunité aux jeunes sportifs de communiquer sur leurs performances. Certaines plateformes se développent ainsi afin de centraliser les résultats et progrès enregistrés par un athlète. Les entreprises tout comme les particuliers pourront consulter ces résultats et décider ou non de financer un sportif jugé prometteur. De telles plateformes se basent donc sur un principe de crowdfunding et sur une transparence de l’information. Elles symbolisent dans le même temps une nouvelle source de financement pour les sportifs.
Les organisations sportives pourraient elles aussi trouver dans la blockchain un nouveau levier de financement. Cette technologie peut, de fait, faciliter la mise en relation entre les clubs et de potentiels sponsors. C’est dans cette volonté que s’est développée la plateforme Instant Sponsor. Celle-ci référence les espaces publicitaires vacants au sein d’une structure sportive et les propose à des sponsors présents sur la plateforme. Les contrats proposés sont en général de courte durée, les clubs ne faisant pas nécessairement la démarche de recherche d’un sponsor pour un évènement isolé. La blockchain permet ici d’accélérer la mise en relation et facilite la signature de contrats, là où des démarches chronophages aurait dissuadées le club de chercher de nouveaux sponsors.
D’autre part, la plateforme de mise en ligne de vidéos, MyTVChain, mêle également fan engagement et financement des clubs. La startup française permet ainsi aux clubs de créer leur propre web TV et d’animer leur communauté. Les organisations sportives vont pouvoir proposer des vidéos et contenus à leurs membres et supporters, vidéos qui seront monétisées grâce à une monnaie virtuelle. Pour chaque « like » ou partage effectué, les utilisateurs cumuleront ainsi des tokens qu’ils pourront reverser au club de leur choix. La possibilité d’obtenir des services supplémentaires, comme l’achat de vidéo, est également donnée aux supporters. Une telle plateforme de vidéo permet donc aux clubs de se rapprocher de ses fans tout en obtenant de nouveau financement.
La transparence et la sécurisation de la blockchain au profit du sport
Alors que la digitalisation progressive des évènements sportifs a marqué la dématérialisation des billets de match, les plateformes de revente en ligne et les possibilités de fraudes se sont multipliées au même moment. Les organisations sportives ne sont plus nécessairement l’organe central de vente de billet aujourd’hui. En découle parfois une difficile identification des revendeurs de billets et une possible majoration sur le prix de vente. Le marché secondaire en devient proéminent, puisqu’il atteindrait 1 milliards de dollars par an au Royaume-Uni. Les clubs se trouvent donc dans une nécessité de régulation de ce phénomène. La blockchain peut permettre d’œuvrer en ce sens et facilite l’authentification du billet et du revendeur. Ce dernier possède ainsi un profil identifiable au sein de la plateforme de revente dessinée par la blockchain. En outre, cette technologie peut également permettre de compléter l’expérience client en regroupant plusieurs offres d’achat. Une plateforme telle que See Tickets propose ainsi l’achat de titres de transport une fois le billet de match acheté. Les services nécessaires pour assister à une rencontre sportive sont centralisés afin de fluidifier l’expérience client. En résulte également une mise en commun des services sur une même plateforme de distribution pour les fournisseurs et par conséquent une meilleure visibilité de l’offre proposée.
Ce principe de transparence, consubstantiel au fonctionnement de la blockchain, pourrait aussi faciliter le travail de lutte contre le dopage. La création d’un registre recensant l’évolution des performances d’un athlète, le traitement médical suivi ou encore l’historique des tests anti-dopage subis permettrait d’affiner et d’authentifier le suivi. Les données inscrites au sein d’une blockchain étant par nature infalsifiables, les risques de corruption ou de fraude serait en conséquence réduit. D’autre part, les performances jugées « anormales » pourraient être identifiées de manière simplifiée grâce à l’historique des performances présent au sein de la blockchain.
Le Thème Hors sport
Les musées connectés
Alors que le domaine culturel est particulièrement remodelé par le mouvement croissant de digitalisation, les musées n’ont pas échappé à l’essor des nouvelles technologies. La généralisation d’internet a participé à la dématérialisation d’un grand nombre d’œuvres désormais accessibles en ligne. Une telle évolution aurait pu représenter un danger pour la fréquentation des musées, déjà limitée en termes d’âge et de catégories sociales des visiteurs.
La digitalisation symbolise au contraire une véritable opportunité de renouvellement des musées, tant dans l’approche des visites que dans les visiteurs ciblés.
De multiples musées ont d’ores et déjà entamé leur mue. Le musée des grottes de Lascaux a par exemple numérisé l’ensemble des fresques existantes sur le site archéologique et propose à ses visiteurs une visite en 3D des grottes afin de visionner certains détails jusqu’alors imperceptibles. Si le numérique occupe désormais une place de choix dans la visite du public, il s’inscrit avant tout comme un complément du parcours de visite traditionnel et n’a, pour l’heure, pas vocation à le remplacer. Les jeunes générations, particulièrement friandes des nouvelles technologies, sont une des cibles prioritaires de la modernisation des musées. Les dispositifs se multiplient en ce sens afin de proposer une expérience plus immersive et interactive. Que ce soit à travers la mise à disposition de tablettes numériques, l’utilisation de la réalité augmentée ou encore la création d’activités en 3D, les possibilités offertes par les nouvelles technologies sont aujourd’hui largement exploitées par les musées. Celles-ci permettent également de personnaliser et d’optimiser l’expérience de chaque spectateur en fonction de ses préférences. La connectivité redynamiserait ainsi le musée, en élargissant son accessibilité et en renforçant son caractère pédagogique.
La digitalisation des musées : entre optimisation et diversification du parcours client
La connectivité croissante des musées a quelques peu remodelé ses frontières. Si l’entrée dans le musée marquait auparavant le début de la visite, celle-ci débute désormais avant même que le visiteur se présente devant les galeries. De fait, différents musées proposent au public de définir leurs préférences avant la visite. Ces préférences seront prises en compte afin d’établir un parcours personnalisé pour chaque visiteur. Le musée du Louvre notamment propose un tel dispositif à travers son application mobile. Le smartphone se transforme ainsi en véritable guide lors de la visite et oriente le spectateur en fonction des choix préétablis. De tels dispositifs sont également imaginés et mis en place dès l’accueil dans certains musées. Le Museum of Art de Cleveland a ainsi installé de grands murs tactiles dans son hall d’entrée. Ceux-ci permettent aux visiteurs de visualiser une grande partie des collections et de définir celles qui les intéressent le plus. Le digital est ici au service de l’expérience client et ce, avant même le début de la visite.
Tout au long de ses déambulations au milieu des différentes galeries, le visiteur pourra être accompagné et guidé par un objet connecté, bien souvent par une tablette numérique. L’utilisation d’un tel objet présente un double avantage, à la fois pour le visiteur mais également pour les musées eux-mêmes. De fait, les tablettes numériques et smartphones vont permettre un accès à différentes activités et fonctionnalités au cours de la visite. Outre la fonctionnalité traditionnelle de description et de présentation des œuvres, les tablettes numériques peuvent également enrichir l’expérience du public à travers des formats de réalité augmentée notamment. Grâce à la réalité augmentée, le public va se trouver plongé dans les collections observées alors que cette technologie va permettre d’animer les œuvres. Le Royal Ontorio Museum de Toronto a notamment utilisé la réalité augmentée afin de permettre au public de visionner des dinosaures se déplaçant dans le musée à travers l’écran et la réalité augmentée. Avec cette technologie, la possibilité est également donnée de faire apparaitre les protagonistes d’une œuvre afin de la replacer dans le contexte de sa création. Ces dispositifs favorisent ainsi l’immersion du visiteur et enrichissent son expérience. D’autre part, la mise à disposition de tablettes numériques et autres objets connectés présente l’avantage de générer des données exploitables par les musées. Ces derniers vont pouvoir visualiser le trajet effectué par les spectateurs pendant leur visite et ainsi mettre en avant les parcours préférentiels. En découle un possible remodelage dans l’organisation de l’exposition et une optimisation de l’expérience client. Par ailleurs, la géolocalisation induite par l’utilisation des tablettes permet de proposer en instantanée la description d’une œuvre au spectateur, qui n’a plus besoin de chercher le numéro de référence de chaque tableau ou sculpture.
La progressive digitalisation des musées favorise également le renforcement de l’immersion proposée aux spectateurs. Les dispositifs œuvrant en ce sens sont nombreux et mobilisent différentes technologies. En parallèle de la réalité augmentée, le spectateur pourra également être immergé dans un univers fictif à travers l’utilisation de la réalité virtuelle. Le British Museum de Londres a ainsi proposé à ses visiteurs de les plonger dans l’âge de bronze en utilisant des casques de réalité virtuelle. Différentes animations étaient imaginées afin de permettre l’immersion la plus complète. Les musées dédiés au sport ne sont pas en reste et mobilisent également ces nouvelles technologies afin de diversifier et d’enrichir l’expérience du spectateur. Le musée de l’AS Saint-Etienne, premier club français ayant disposé de son musée, propose ainsi aux visiteurs de tirer un penalty en réalité virtuelle au gardien de but de l’équipe. Autant de dispositifs favorisant l’interactivité avec le public et permettant de redynamiser l’image des musées.
Pédagogie, exposition participative et attraction des jeunes générations : nouvelle dynamique du musée connecté ?
La digitalisation, loin de marquer une rupture entre les jeunes et le musée, participe à renouveler le lien existant entre les salles d’exposition et les nouvelles générations. La dématérialisation des œuvres et leur libre accès sur internet constitue ainsi une porte d’entrée vers le musée physique. Les jeunes générations, particulièrement adeptes des nouvelles technologies, ont actuellement tout le loisir de se sensibiliser à l’art et aux expositions en cours à travers l’utilisation des réseaux sociaux notamment. Les musées se saisissent de cette opportunité et se rendent visibles sur les réseaux sociaux afin de recréer des liens avec de potentiels visiteurs. La dimension participative est ici essentielle dans ces interactions et établit le musée comme un lieu d’échange et de partage. Le Colombus Museum of Art, situé dans l’Ohio, a par exemple initié un concours de photos sur le réseau social Instagram. Les 300 photos jugées les plus réussies ont ensuite été exposées au sein du musée. Le digital est ici au service de l’interaction et de la participation des visiteurs. Il permet également de casser quelque peu l’image souvent élitiste donnée à ces établissements culturels. Dans cette lignée, le Frye Art Museum de Seattle a également confié le choix des œuvres exposées aux internautes dans le cadre de son exposition #SocialMedium. Le musée connecté se veut ainsi inclusif et accessible à tous. La mise en place d’activités mobilisant les nouvelles technologies, telle que la réalité virtuelle, participe à cette extension du public visé. La diversité des formats proposés aux visiteurs peut ainsi permettre de combler le plus grand nombre, tout en revêtant un caractère pédagogique.
De fait, les nouvelles technologies peuvent favoriser l’apprentissage au sein des musées tout en étant particulièrement attrayantes pour les visiteurs les plus jeunes. La digitalisation participe ainsi à renouveler l’approche traditionnelle des œuvres. Si le crédo au sein des musées a longtemps été de ne pas toucher et de ne pas s’approcher des tableaux et sculptures, celui-ci est progressivement renversé par les nouvelles technologies et notamment par l’impression 3D. Cette dernière permet ainsi de reproduire des œuvres et de pièces de collection quasiment à l’identique et qui seront mises à la disposition des visiteurs. Le public pourra s’approcher de l’œuvre et la toucher, facilitant la compréhension. Le musée d’Anthropologie de l’Université de Queensland a conçu en ce sens une exposition composée de répliques de fossiles et d’ossements d’animaux préhistoriques. Les visiteurs sont amenés à s’approcher de ces recompositions et à les toucher s’ils le souhaitent. Enfin, les nouvelles technologies rendent possibles de nouvelles formes d’apprentissage au sein des musées. Le musée belge du Mudia s’inscrit dans cette démarche de diversification et d’ouverture des formats proposés au public. Celui-ci abrite notamment des tableaux interactifs facilitant l’explication de l’œuvre et sa conception. Différents jeux interactifs et quizz ont également vocation à tester les connaissances des visiteurs, tout en étant accessibles aux plus jeunes. Cette démarche ludique et pédagogique souhaite ainsi faciliter le premier pas vers le monde de l’art et alimenter la curiosité des visiteurs.